Vieillissement de la population itinérante: trop jeune et trop vieux
Les journées de l’homme de 35 ans sont longues. Ils quémandent de 6 h à 22 h en s’arrêtant seulement pour s’acheter à boire (surtout de la bière lors des journées chaudes).
Une fois le soleil couché, il se trouve un coin tranquille où étendre ses couvertures et dormir.
Il s’est retrouvé à la rue à l’âge de 18 ans, après avoir été trimbalé de famille d’accueil en famille d’accueil toute sa vie.
Il a tenté à deux reprises d’aller en appartement. À la suite d’une accumulation de malchances, il a en partie abandonné. Les démarches pour réussir à obtenir son chèque d’aide sociale, les meubles nécessaires et ainsi de suite demandent beaucoup d’organisation.
« Je suis rarement resté plus de trois mois dans un logement ou dans un travail. Je n’ai même pas de secondaire, alors plus souvent qu’autrement, je ne fais pas l’affaire. C’est aussi décourageant essayer d’aller en appartement, car il faut que je parte de zéro, depuis l’âge de 18 ans », indique M. Champêtre.
Il indique toutefois cheminer actuellement sur la question, bien qu’il tente de ne pas trop y penser, afin d’éviter les idées noires.
Contrairement à plusieurs personnes dans sa situation, le trentenaire n’a pas de problématique de santé mentale, ni de consommation.
Il insiste sur l’importance de demeurer poli quand il quémande.
« Je suis toujours courtois et poli. Même quand on me donne rien. Je fais un gros sourire et souhaite une bonne journée. Pour moi, c’est important. Les gens sont tellement généreux dans le Plateau, je n’ai jamais manqué de rien. Alors être agréable, c’est la moindre des choses », mentionne-t-il.
Le sourire et la bonne humeur de Patrick sont contagieux. Les intervenants de Plein milieu le connaissent d’ailleurs bien.
« Je viens ici au moins deux fois semaine, puisque c’est le seul endroit où je peux aller à mon âge. Il y a des soirées où on peut venir regarder la télévision tranquille ou se faire à manger », conclut M. Champêtre.
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