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Magnan fait ses adieux à Pointe-Saint-Charles

Photo: Karina Sanchez/ TC Media

La Taverne Magnan servant ses derniers repas, à la fin décembre, a été l’un des évènements marquants de l’année de Pointe-Saint-Charles. L’aventure de ce restaurant patrimonial aura duré 82 ans

«Quand une institution de longue durée disparaît de Montréal, une partie de l’âme de cette ville part avec elle», s’exclame Alain Gauthier, propriétaire de la taverne. Au bout d’un moment, M. Gauthier se laisse aller. «Dans le feu de l’action, on n’y pense pas… Il faut être fort pour passer au travers, mais c’est correct. On va y arriver», balbutie-t-il ému, la voix brisée. Il se tait, quelques larmes coulent sur sa joue.

TC Média était présent le dernier jour d’existence de cette institution emblématique de Pointe-Saint-Charles.

Au cœur de l’aventure: les clients

La Taverne Magnan aura été un lieu de rencontres pour échanger, fêter et faire des affaires. «Les personnes venaient ici pour rencontrer du monde, et non pas seulement pour manger, car c’était toujours plein, relate le propriétaire. C’était le Facebook de l’époque.» Lorsque le restaurant a atteint son pic en termes de popularité, c’est près de 900 clients qui visitaient les lieux chaque jour.

Outre son rôle social, la taverne a aussi incarné un lieu politique. «En campagne électorale, il n’y avait pas de chef de parti qui ne passait pas par Magnan. Rencontrer 450 électeurs d’un coup, c’était plus payant qu’aller au centre d’achat», se rappelle M. Gauthier.

Les personnes attachées à la Taverne Magnan sont en deuil. Autant le personnel que les clients. «Magnan a fait partie de l’histoire et du vécu de plusieurs. C’était rassurant de voir que Magnan était toujours debout», estime-t-il.

Nouvelle direction

Le propriétaire est heureux de souligner que sa fille, 4e génération de la famille, poursuivra l’expérience de la restauration. «La Taverne Magnan ne disparaît pas vraiment, lance-t-il. Elle ne fait que quitter Pointe-Saint-Charles».

La Boucherie Magnan avec service traiteur, à Brossard, demeure. Une nouvelle succursale verra aussi le jour, début avril, à Boucherville. Ce sera une autre boucherie avec un mini-bistro permettant d’accueillir près de 40 clients. Le fameux steak ainsi que des déjeuners seront servis.

Client depuis 30 ans, Roger Grand’Maison a bien l’intention de suivre Magnan jusqu’à Boucherville. «Ça va être un peu loin, mais je n’ai pas le choix, je vais devoir y aller», s’exclame-t-il excité avant de se prendre en photo avec M. Gauthier.

Des mets et une ambiance de qualité

Luc Beausoleil tenait absolument à être présent lors de cette dernière journée mémorable. Le goût excellent de la viande est ce qui le fait revenir, depuis 15 ans. «Je mange peu de viande depuis huit ans, mais quand j’en mange, je veux que ça soit de la bonne viande, comme chez Magnan», explique-t-il.

Tous les employés du restaurant sont restés fidèles au poste après l’annonce de sa fermeture, en automne. Ce sont près de 50 employés syndiqués qui disent au revoir à «une grande famille», déclare Casandra Viviers, gérante du restaurant. «L’ambiance a toujours été bonne ici, on a eu des clients fidèles et des collègues que je considère comme des frères et des sœurs», raconte-t-elle. Ce qui explique aussi pourquoi certains employés ont jusqu’à 40 ans d’ancienneté, estime-t-elle.

Casandra Viviers ainsi que d’autres employés ont déjà un emploi ailleurs, mais tenaient à rester sur place jusqu’au dernier jour. «Alain a fait des lettres de recommandation pour tout le monde», signale Mme Viviers. Parmi le personnel, 12 employés reprendront leurs fonctions à la succursale de Boucherville.

 

 

 

 

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