Soutenez

L'Arabie saoudite autorise les femmes à conduire

Hasan Jamali / The Associated Press Photo: Hasan Jamali / The Associated Press
Abdullah Al-Shihri et Aya Batrawy - The Associated Press

RIYAD, Arabie saoudite — L’Arabie saoudite permettra finalement aux femmes de conduire un véhicule automobile à partir de juin 2018, une première dans le royaume ultraconservateur.

Le changement a été annoncé mardi par l’entremise des médias officiels de l’Arabie saoudite, en précisant qu’un décret royal avait été adopté afin que des permis de conduire puissent être délivrés autant aux hommes qu’aux femmes. C’était le seul pays au monde qui empêchait les femmes de conduire. Il a été la cible de reproches à l’échelle internationale pendant des années parce qu’il emprisonnait des femmes qui défiaient l’interdiction.

La décision représente un gain important pour les Saoudiennes, dont les droits demeurent largement sous le contrôle des hommes de leur famille en raison de la loi sur la tutelle masculine. Les femmes doivent compter sur les hommes pour se déplacer, faire de courses ou aller travailler.

Le prince Khaled ben Salmane, le nouvel ambassadeur saoudien à Washington, a qualifié la décision d’«énorme pas en avant» pour son pays. Selon lui, le temps était venu pour le royaume de «faire la bonne chose», soutenant que le droit des femmes de conduire est un enjeu social, et non un enjeu religieux ou culturel.

Le prince a précisé que les femmes n’auraient pas à être accompagnées d’un tuteur masculin dans la voiture, mais qu’elles devraient obtenir la permission officielle d’un homme de la famille pour obtenir leur permis de conduire.

Aziza Youssef, l’une des voix féminines les plus fortes dans la défense des droits des femmes en Arabie saoudite, parle d’un «excellent premier pas».

En entrevue téléphonique avec l’Associated Press depuis Riyad, elle s’est dite «très excitée» par l’annonce. La professeure à l’Université du Roi-Saoud entend poursuivre le combat pour mettre fin à la loi sur la tutelle masculine.

Une voie vers le péché?

Depuis les années 1990, des militants des droits des femmes exerçaient des pressions afin que le droit de conduire soit accordé aux Saoudiennes. Le royaume leur avait toujours refusé ce droit jusqu’à maintenant, même après leur avoir accordé le droit de voter et de se présenter aux élections en 2015.

Certains religieux ultraconservateurs d’Arabie saoudite, qui exercent un pouvoir et de l’influence dans la justice et l’éducation, ont mis en garde le roi contre le danger de permettre aux femmes de conduire. Ils soutiennent que cela va corrompre la société et mener au péché.

Le roi Salmane et son héritier, le prince Mohammed ben Salmane, testent l’ouverture aux droits des femmes, notamment en ayant permis à celles-ci d’entrer au grand stade de Riyad pour les célébrations de la fête nationale plus tôt ce mois-ci. L’endroit avait toujours été réservé aux hommes pour les événements sportifs. Le roi et son fils ont aussi ouvert le pays à plus de divertissement et d’amusement.

Un comité sera formé pour se pencher sur la mise en oeuvre du décret sur le droit des femmes de conduire, qui devrait entrer en vigueur en juin 2018.

Le royaume va aussi reconnaître les permis de conduire délivrés aux femmes dans les autres pays du Conseil de coopération du golfe — le Koweït, les Émirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn et Oman.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.