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Pakistan: un otage canadien et sa famille libérés

This still image made from a 2013 video released by the Coleman family shows Caitlan Coleman and her husband, Canadian Joshua Boyle in a militant video given to the family. The American woman, her Canadian husband and their three young children have been released in October 2017 after years of being held captive by a network with ties to the Taliban. The two were abducted five years ago while traveling in Afghanistan and have been held by the Haqqani network. The couple had three children while in captivity. (Coleman family via AP) Photo: AP
La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Un Canadien, sa femme américaine et leurs trois enfants nés en captivité sont finalement libres, après avoir été otages pendant plusieurs années d’un groupe lié aux talibans en Afghanistan.

Des responsables américains ont annoncé jeudi que Joshua Boyle et sa femme Caitlan Coleman avaient été libérés au Pakistan. Le couple avait été kidnappé il y a cinq ans, lors d’un voyage en Afghanistan, et a eu trois enfants pendant sa captivité. Mme Coleman était déjà enceinte au moment de leur enlèvement.

Le couple et leurs enfants étaient détenus par le réseau Haqqani.

Les parents de M. Boyle, qui habitent Smiths Falls en Ontario, ont transmis une déclaration sur vidéo au «Toronto Star» dans laquelle ils indiquent qu’ils ont parlé avec leur fils au téléphone tôt jeudi matin.

«C’est la première fois en cinq ans que nous avons entendu sa voix. C’était incroyable, se réjouit Linda Boyle. Il nous a dit combien ses enfants avaient hâte de rencontrer leurs grands-parents et qu’il me verrait dans quelques jours.»

Patrick Boyle, qui a précisé que la famille n’était pas encore en route vers le Canada, a remercié ceux qui ont été impliqués dans l’affaire.

«Nous aimerions beaucoup remercier les gouvernements américain et afghan ainsi que notre propre équipe canadienne, a-t-il dit. Encore plus important, ce matin, nous avons transmis au haut-commissaire du Pakistan, ici au Canada, nos sincères remerciements aux courageux soldats pakistanais qui ont risqué leur vie pour évacuer cinq des nôtres.»

Selon le plus haut représentant du Pakistan au Canada, Tariq Azim Khan, l’armée pakistanaise a pris connaissance de l’endroit où se trouvait la famille grâce à des informations des services secrets américains, et a agi rapidement par la suite.

Le haut-commissaire a décrit une scène dramatique avec des échanges de coups de feu, alors que la famille était transportée dans le coffre d’une fourgonnette par ses ravisseurs. La confrontation entre le commando militaire et les ravisseurs aurait eu lieu sur une route près de Nawa Kili, dans la région de Kohat, au nord-ouest du Pakistan.

Des policiers de la Gendarmerie royale du Canada tenaient des journalistes à l’écart de la maison familiale de Smiths Falls, à environ 80 kilomètres à l’ouest d’Ottawa.

Les parents de Mme Coleman ont quant à eux affiché une déclaration sur la porte de leur maison en Pennsylvanie, écrivant qu’ils appréciaient «tout l’intérêt et les préoccupations exprimées après l’heureuse nouvelle voulant que Caity, Josh et nos petits-enfants aient été libérés après cinq longues années de captivité».

Le Canada «soulagé»

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui se trouvait jeudi à Mexico en compagnie du premier ministre Justin Trudeau, a indiqué qu’elle ne pouvait décrire les circonstances de la libération «pour des raisons de sécurité de la famille».

«Je peux seulement dire que la famille, maintenant, est en sécurité», a-t-elle dit.

«Je peux confirmer que Joshua Boyle n’est pas le sujet (d’une) investigation au Canada», a-t-elle aussi indiqué.

Mme Freeland avait déclaré précédemment par communiqué être «très soulagée» que cette famille ait été libérée et qu’elle soit en sécurité.

«Joshua, Caitlan, leurs enfants ainsi que les familles Boyle et Coleman ont traversé une terrible épreuve au cours des cinq dernières années, a souligné Mme Freeland. Nous sommes prêts à leur offrir du soutien alors qu’ils entreprennent leur processus de guérison.»

La ministre a précisé que le Canada avait travaillé avec les gouvernements des États-Unis, de l’Afghanistan et du Pakistan sur ce dossier et les a remerciés pour leurs efforts.

Le premier ministre Justin Trudeau, en conférence de presse à Mexico avec le président mexicain, a remercié les responsables américains et pakistanais pour leurs efforts dans la libération des otages.

«Je veux remercier et féliciter nos partenaires et alliés qui ont travaillé très fort avec nous pour avoir une résolution positive. Évidemment, nous continuons de travailler avec nos amis et alliés pour rapatrier ces familles d’ici peu», a déclaré M. Trudeau.

Le président américain Donald Trump a également commenté la libération de la famille. «Hier (mercredi), le gouvernement des États-Unis, en collaboration avec le gouvernement du Pakistan, a obtenu la libération de la famille Boyle-Coleman qui était en captivité au Pakistan, a-t-il déclaré dans un communiqué. Aujourd’hui, ils sont libres.»

On ne sait pas où se trouve actuellement la famille et les responsables n’ont pas voulu dire quand elle rentrerait en Amérique du Nord.

Revirement de dernière minute

Les États-Unis avaient prévu rapatrier la famille depuis le Pakistan dans un avion américain, mais à la dernière minute, Joshua Boyle a refusé de monter à bord, a indiqué à l’Associated Press un responsable de la sécurité nationale américaine sous le couvert de l’anonymat.

Un autre responsable américain a déclaré que M. Boyle était nerveux à l’idée d’être mis en «détention» compte tenu de ses antécédents.

L’homme était auparavant marié à la soeur d’Omar Khadr, ce citoyen canadien qui a été emprisonné pendant 10 ans au camp militaire américain de Guantanamo après avoir été capturé en 2002 lors d’un échange de tirs à proximité d’un camp d’Al-Qaïda en Afghanistan.

Les responsables ont écarté tout lien entre ce passé et la capture de M. Boyle. Un responsable a décrit cela comme une «horrible coïncidence».

Joshua Boyle et Caitlan Coleman ont déclaré aux autorités américaines qu’ils voulaient prendre un vol commercial à destination du Canada, selon le responsable, qui s’est également exprimé sous couvert d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à discuter publiquement de la situation.

Les États-Unis ont fréquemment critiqué le Pakistan pour sa tolérance envers le réseau Haqqani. Un responsable de la sécurité nationale américaine a toutefois souligné, sous le couvert de l’anonymat, la collaboration des autorités pakistanaises dans cette affaire.

Entrés au Pakistan le 11 octobre

L’armée pakistanaise a expliqué dans un communiqué que les services de renseignement américains suivaient la trace des otages, ce qui leur a permis de savoir que la famille était entrée sur le territoire pakistanais le 11 octobre par le biais des régions tribales le long de la frontière avec l’Afghanistan.

M. Boyle avait communiqué avec sa belle-famille par internet le 8 octobre 2012 pour leur dire que sa femme et lui se trouvaient dans une région «non sécuritaire» de l’Afghanistan. Le couple avait ensuite été vu, en 2013, dans deux vidéos dans lesquelles il demandait aux États-Unis de négocier sa libération.

Les parents de Mme Coleman avaient reçu une lettre d’elle en novembre 2015. Elle leur annonçait alors la naissance de son deuxième enfant en captivité.

Les États-Unis considèrent le réseau Haqqani comme une organisation terroriste, mais le groupe trempe aussi dans plusieurs activités criminelles. Contrairement à Daech (le groupe armé État islamique), il n’exécute que très rarement ses otages occidentaux, préférant plutôt obtenir une rançon.

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