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La peste menace les grandes villes de Madagascar

Alexander Joe / The Associated Press Photo: Alexander Joe

ANTANANARIVO, Madagascar — La multiplication des cas de peste dans la capitale de Madagascar a semé la panique parmi la population: les habitants d’Antananarivo ont fait la file pour se procurer des antibiotiques, ils ont acheté des masques à des vendeurs itinérants, les écoles ont été fermées et les rassemblements publics interdits.

Un bilan publié vendredi par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait état de 1153 infections et 94 morts.

Pour la première fois, une maladie vue uniquement dans les coins les plus reculés de cette île de l’océan Indien frappe principalement les deux plus grandes villes du pays, Antananarivo et Tamatave (ou Toamasina).

La communauté internationale n’a pas tardé à réagir. L’OMS, qui avait été critiquée pour la lenteur de sa réponse à l’épidémie de virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, a débloqué 1,5 million $ US, en plus de déployer des épidémiologistes et des experts de la peste.

La Croix-Rouge ouvrira à Madagascar le premier centre de traitement de la peste de son histoire. Médecins sans frontières (MSF) a annoncé jeudi qu’il collabore «avec les autorités locales pour s’attaquer à l’épidémie de peste pulmonaire qui sévit dans la ville portuaire de Tamatave, à l’est de Madagascar».

Tamatave abrite 300 000 personnes et est l’un des plus grands foyers de cas de peste pulmonaire dans le pays avec 261 cas et dix décès depuis le début de cette épidémie, explique MSF.

Madagascar recense chaque année environ 400 cas de peste, soit la moitié du total mondial, selon un rapport publié par l’OMS en 2016. L’île enregistre des cas de peste bubonique chaque année dans les hauts plateaux où la maladie est transmise par le rat; la peste bubonique est mortelle dans environ la moitié des cas, si elle n’est pas traitée.

La plupart des cas de l’épidémie actuelle sont toutefois des cas de peste pulmonaire, une forme plus virulente de la maladie qui se transmet d’humain à humain. Elle peut se révéler mortelle en 24 heures, mais comme la peste bubonique, elle peut être soignée avec des antibiotiques si on la détecte à temps.

L’OMS estime que la peste est une «maladie de pauvreté» causée en partie par des conditions de vie insalubres. Le PIB malgache est d’environ 400 $ US et les programmes nationaux de contrôle de la maladie ont été «empêtrés par des problèmes opérationnels et administratifs», selon un rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.

Mais la peste pulmonaire, qui représente environ 75 pour cent des cas de l’épidémie courante, ne fait aucune distinction entre riches et pauvres.

«Normalement, ceux qui attrapent la peste sont des pauvres gens sales qui vivent dans des secteurs pauvres, mais cette fois-ci, on voit aussi des gens bien nantis, des directeurs, des professeurs, de gens de toutes les couches sociales, qui sont malades», a dit le responsable malgache de la promotion de la santé, le docteur Manitra Rakotoarivony.

L’épidémie actuelle a éclaté en août, plus tôt que d’habitude, quand un homme de 31 ans est parti des hauts plateaux pour se rendre sur la côte est du pays, sans savoir qu’il avait été infecté. Il est mort en chemin et a été enterré sans précautions à Tamatave. Quatre personnes ayant eu des contacts avec lui sont aussi mortes.

La peste est disparue de Madagascar pendant 60 ans à compter de 1930, mais la maladie effectue un retour depuis quelques années. Les rats noirs qui la transmettent sur les hauts plateaux y ont graduellement développé une résistance.

L’épidémie inquiète les pays voisins. Un homme de 34 ans originaire des îles Seychelles, aussi dans l’océan Indien, est mort de la peste en rentrant chez lui, après une visite à Madagascar. C’était le premier cas de peste de l’histoire des Seychelles. La réaction des dirigeants seychellois n’a pas tardée: les écoles ont été fermées pendant plusieurs jours, une unité d’isolation consacrée à la peste a été ouverte et les voyageurs qui ont récemment visité Madagascar se sont vus refuser l’accès au pays.

L’OMS croit toutefois que le risque de voir l’épidémie se propager en dehors de la région est très faible.

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