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L'ex-président du Yémen tué par des rebelles

Hani Mohammed / The Associated Press Photo: Hani Mohammed
Ahmed Al-Haj et Maggie Michael - The Associated Press

SANAA, Yémen — L’ancien président du Yémen Ali Abdallah Saleh a été tué lundi par ses anciens alliés rebelles, à qui ses forces disputaient le contrôle de la capitale, Sanaa.

L’effondrement de l’alliance entre les deux camps plonge le Yémen, déchiré par une guerre civile depuis trois ans, dans un chaos encore plus profond.

Les circonstances entourant la mort de M. Saleh demeurent obscures, mais les rebelles affirment qu’il a été tué en tentant de fuir la capitale, possiblement à destination de l’Arabie saoudite.

Des images mises en ligne montrent apparemment le corps de M. Saleh enveloppé dans une couverture colorée. Des combattants houthis qui scandent «Dieu est grand» le soulèvent et le placent à bord d’une camionnette. Les yeux de l’ancien président sont vitreux, mais ouverts. Il semble avoir été blessé derrière la tête et sa chemise est maculée de sang, sous un complet sombre.

La dépouille a été identifiée par différents acteurs de la guerre civile au Yémen, y compris des adversaires des houthis et des membres du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale.

M. Saleh a dirigé le pays pendant plus de 30 ans, avant d’être chassé du pouvoir lors de la révolte du printemps arabe, en 2011. Il jouissait toujours d’une influence considérable en coulisses.

Ses forces s’étaient alliées aux rebelles houthis en 2014, en dépit d’une longue histoire d’hostilités et d’affrontements entre les deux camps. L’alliance a toutefois volé en éclats la semaine dernière, les houthis soupçonnant M. Saleh de pencher en faveur de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, ce qui avait donné lieu à des combats féroces entre les rebelles et les hommes de M. Saleh.

Les forces d’Abed Rabbo Mansour Hadi, le président reconnu par la communauté internationale, ont annoncé qu’elles profiteraient de la situation pour marcher vers la capitale.

Le président Hadi a exhorté les Yéménites à s’unir contre les rebelles chiites houthis, les décrivant comme des «miliciens iraniens» et un «cauchemar».

M. Hadi, qui est parti en exil à Riyad ces dernières années, a livré son discours télévisé quelques heures après que les rebelles houthis eurent tué leur ancien allié.

Un dernier virage fatal

Ali Abdallah Saleh a maintenu une position de force pendant des décennies en jouant sur plusieurs tableaux — et en changeant d’alliés librement — dans les multiples conflits et guerres civiles ayant déchiré le pays. Mais son dernier virage semble lui avoir été fatal.

La guerre civile, en grande partie le résultat de ses manoeuvres de division, a entraîné le Yémen près de l’effondrement: des hôpitaux et des réseaux de distribution de nourriture dans un piètre état, une famine largement répandue dans la population de près de 28 millions d’habitants et une éclosion de choléra qui se propage très rapidement.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a affirmé que la situation au Yémen était «probablement la pire catastrophe humanitaire au monde actuellement», encore plus sérieuse que celle des réfugiés musulmans rohingyas au Bangladesh.

Le haut commissaire aux droits de la personne à l’ONU, Zeid Ra’ad al-Hussein, a désigné des experts de la Tunisie, du Royaume-Uni et de l’Australie au sein d’un comité chargé de faire rapport sur les violations des droits de la personne au Yémen.

L’ONU a appelé à un arrêt immédiat des combats dans la capitale yéménite. Le porte-parole Stéphane Dujarric a affirmé qu’il était primordial que les civils soient protégés et a rappelé à tous que des attaques délibérées contre des hôpitaux et d’autres lieux abritant des civils pouvaient «constituer des crimes de guerre».

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