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La loi C-38 bafoue le droit de choisir

Photo: Getty Images

Le projet de loi C-38 prévoit une refonte majeure des règles de l’assurance-emploi. Les changements envisagés font des travailleurs de simples ressources à déplacer.

Si le projet de loi C-38 est adopté, jusqu’à 60 % des Canadiens qui reçoivent des prestations d’assurance-emploi devront accepter n’importe quel emploi, au risque de perdre celles-ci.

En effet, le projet de loi C-38 prévoit des modifications importantes à la Loi sur l’assurance-emploi. Selon les nouvelles règles qui y sont proposées, un chômeur qui a déjà reçu 60 semaines de prestations au cours des cinq dernières années devra accepter tout emploi qu’il est en mesure d’occuper.

Même si le nouvel emploi ne lui permet que de gagner 70 % de son salaire précédent, il ne pourra pas le refuser s’il a déjà reçu six semaines de prestations depuis son dernier arrêt de travail. De plus, il devra accepter cet emploi même s’il doit se déplacer à une heure de chez lui, voire davantage.

Cette nouvelle règle affectera énormément les travailleurs saisonniers. Dans les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, des pêcheries et du tourisme, plusieurs ne travaillent que pendant sept ou huit mois dans l’année et reçoivent des prestations d’assurance-emploi le reste du temps.

Les employeurs de ces secteurs d’activités dépendent de ces travailleurs qualifiés qui reviennent chaque année occuper leurs postes temporaires. Il est possible, néanmoins, que ces travailleurs soient incapables de revenir s’ils doivent accepter un autre emploi.

On a souvent critiqué l’utilisation répétée de l’assurance-emploi dans les régions où ces secteurs d’activités sont prédominants, par exemple dans l’est du Québec. Nos politiciens ont misé sur la diversification économique et la formation de la main-d’œuvre pour réduire la dépendance de ces régions au programme d’assurance-emploi.

Le gouvernement Harper a choisi une autre voie, celle de traiter les travailleurs comme de simples ressources qui devront se déplacer selon les moindres petits besoins du marché du travail.

Mais voilà, un travailleur n’est pas une simple ressource. C’est d’abord une personne dont la vie est intégrée dans son environnement régional. Il y possède une maison où il réside avec sa famille. Ses enfants y fréquentent l’école où ils ont développé de nombreuses amitiés.

Même s’il ne l’occupe qu’une partie de l’année, le travailleur s’identifie souvent à son métier et possède un attachement profond à la région où il l’exerce. Il a choisi d’y habiter et d’y travailler.

Si on lui refuse l’assurance-emploi durant la saison morte, se trouvera-t-il forcé de quitter son métier et sa région pour trouver un emploi non saisonnier ailleurs? Ce sera la dure question à laquelle plusieurs feront face. Certains n’auront d’autre choix que de partir. Pas étonnant que les régions soient consternées par ce projet de loi!

Le gouvernement Harper a-t-il donc oublié que nous avons tous le droit de choisir où nous voulons vivre et travailler?

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