Soutenez

Au nom de la vitalité commerciale de nos quartiers

Rue Notre-Dame Ouest
Photo: Sophie R. Bragg/Métro

Projet Montréal a bien raison de crier haut et fort pour que la Ville s’attaque rapidement aux hausses abusives de loyer que subissent plusieurs commerçants de quartier depuis déjà trop longtemps.

Parce que contrairement au secteur résidentiel, supervisé par une instance gouvernementale, la Régie du logement, c’est le «free for all» pour les baux commerciaux. Il n’y a pas de normes, et que très peu de supervision.

Un propriétaire d’édifice peut donc décider, de plein droit, de doubler le coût mensuel de son loyer, d’un bail à l’autre, pour profiter de la spéculation immobilière qui sévit dans son quartier. Le commerçant, souvent sans recours, se retrouve ainsi devant un dilemme peu enviable: assumer un loyer plus dispendieux au risque de mettre en péril la rentabilité de son entreprise ou déménager dans un secteur moins prisé en se croisant les doigts pour conserver sa clientèle.

Certains propriétaires insatiables vont même jusqu’à laisser leurs locaux vacants pendant plusieurs mois en attendant qu’un gros joueur, comme une chaîne commerciale, soit en mesure de payer le gros prix. En d’autres mots, on discrimine volontairement les plus petits commerçants de quartier qui contribuent, dans bien des cas, à la diversité de l’offre commerciale. Et même si le local est vide et qu’aucun investissement n’est fait pour entretenir l’édifice, le terrain prend de la valeur avec les années. Les poches du propriétaire se remplissent donc au détriment de ses voisins qui investissent temps et argent pour faire rouler leur boutique.

Est-ce un phénomène généralisé? Beaucoup plus qu’on pourrait le penser, selon plusieurs directeurs de sociétés de développement commercial (SDC) avec qui j’ai eu la chance d’en discuter. Pour plusieurs, il est grand temps d’agir.

Pour Mike Parente de l’Association des SDC de Montréal, la Ville pourrait soutenir ses commerçants en leur fournissant une forme d’aide juridique. «Montréal pourrait offrir un bail-modèle, avec des normes minimales, qui protégerait l’ensemble des commerçants et propriétaires. Cela éviterait, par exemple, qu’un commerçant se fasse frapper de plein fouet par une hausse de loyer abusive lors du renouvellement de son bail».

À la SDC du boulevard Saint-Laurent, Glenn Castanheira adhère à cette idée et va même encore plus loin. Selon lui, l’avenir de nos artères passe inévitablement par un Plan de développement commercial qui pourrait s’inspirer de stratégies ayant déjà fait leurs preuves ailleurs dans le monde. «Dans certaines villes américaines, si le propriétaire d’un édifice ne réussit pas à louer, volontairement ou non, son loyer commercial en moins d’un an, une surtaxe est imposée. Il doit donc prendre la meilleure offre sur la table, ce qui avantage souvent les petits et moyens commerçants».

Un tel plan de développement commercial pourrait bien voir le jour dans un avenir plus ou moins rapproché, puisqu’une proposition vient d’être déposée à l’administration Coderre. Reste à voir maintenant ce qui en ressortira.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.