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Le CUSM, symbole de la honte?

Photo: Archives Métro

Je sais, je sais. Je n’ai pas été très tendre ces derniers mois à l’égard du nouveau Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

En juin dernier, j’affirmais dans cette tribune que les dirigeants du mégahôpital anglophone devraient avoir honte de qualifier leur établissement de «nouvelle signature architecturale pour Montréal». Il s’agit de regarder ce qui s’érige ailleurs sur la planète, notamment dans le milieu hospitalier, pour saisir qu’on aurait pu faire mieux en matière d’architecture. Tellement mieux pour 1,3G$. J’avais également décrié l’intégration scandaleuse du stationnement «souterrain» visible de la rue (!), tout comme l’ajout peu harmonieux de couleur sur l’édifice qui rappelle malheureusement une peinture à numéros.

Six mois plus tard, je maintiens cette critique architecturale, même si certains d’entre vous m’ont trouvé sévère. Mais je me suis levé un bon matin en me disant que ce serait la moindre des choses que de passer la «puck» aux architectes ayant œuvré sur ce mégachantier. Non seulement je désirais exposer leur version des faits, mais je voulais également leur offrir la chance de répondre aux critiques acerbes dirigées contre leur projet. Pourquoi l’hôpital a-t-il été dessiné ainsi? Quelle était leur réalité sur le terrain avec la controversée formule du PPP (partenariat public-privé)? J’ai donc essayé de contacter les firmes d’architecture ayant gravité autour du dossier.

Premier essai, premier refus. «Nous préférons ne pas commenter. Nous ne voulons pas mettre davantage d’huile sur le feu», m’a-t-on simplement répondu. Je suis donc passé au cabinet suivant. Après deux messages sur leur boîte vocale, aucun retour d’appel.

Je me suis alors tourné vers le troisième bureau sur ma liste. Cette fois, j’ai obtenu une brève réponse d’un architecte ayant agi comme chargé de projet sur le mégahôpital: « Je peux juste vous dire que toute mon équipe a saigné du nez et des coudes […] et on était partout où il fallait être pour soutirer le meilleur de ce qu’on pouvait faire dans ce contexte». Il m’a par la suite recommandé à l’architecte en chef de la conception du CUSM… à Vancouver! Parce qu’effectivement, les grandes lignes de notre nouvel hôpital anglophone n’ont pas été tracées au Québec [même si nous avions amplement le talent pour le faire]. On a plutôt confié le mandat à un architecte de l’Ouest canadien, un certain David Thom. J’ai donc essayé de le contacter. Et devinez quoi? Après deux courriels et deux messages sur sa boîte vocale, j’attends toujours un retour d’appel.

Tout ça pour dire qu’après trois semaines de recherche intense pour dénicher un concepteur qui oserait en discuter, c’est peine perdue. «Vous savez, l’architecture au Québec, c’est un petit monde. On ne veut pas se mettre des clients à dos», m’a-t-on répondu à maintes reprises. Et je comprends cette délicate réalité. N’empêche que cela donne la vague impression qu’on tente de se tenir le plus loin possible du CUSM, comme s’il avait la peste et qu’il allait contaminer leur portfolio.

N’est-ce donc pas là une preuve directe qu’on aurait pu faire mieux? Si le CUSM avait été une vraie signature pour Montréal, tous se seraient vantés haut et fort d’avoir planché sur cette réalisation. Or, on semble en avoir honte.

Le problème, c’est qu’en restant muet sur les circonstances qui ont mené à autant de frustration sur le plan architectural, on maintient le statu quo. On encourage le gouvernement du Québec à utiliser la même formule pour ses prochains grands projets publics, qui risquent tout autant de terminer sur la liste des occasions gâchées pour faire rayonner l’architecture montréalaise.

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