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Village éphémère: Je suis en deuil

Photo: Jean-Michael Seminaro

S’il y a une tradition citoyenne que je souhaitais ardemment voir revenir chaque été à Montréal, c’est la construction d’un village éphémère par l’Association du design urbain du Québec (ADUQ).

Je me souviens comme si c’était hier de mon émerveillement devant le premier village éphémère, en 2013, installé aux limites du bassin Peel. Le site, qui avait un œil sur l’eau et l’autre sur l’enseigne emblématique de l’usine Five Roses, était ceinturé sobrement par des camions de bouffe de rue, des petits fanions colorés et des installations artistiques minimalistes. D’un côté, des hipsters en veston-cravate socialisaient, une bière à la main. De l’autre, des étudiants prenaient des selfies avec Griffintown en arrière-plan. Neuf cents personnes s’étaient côtoyées durant cette petite fête urbaine d’une soirée, qui aura exigé des mois de planification à de jeunes professionnels de l’aménagement du territoire.

Le succès de l’événement avait non seulement convaincu l’ADUQ de tenir une seconde édition l’été dernier, mais également de prolonger le plaisir pendant près de huit semaines. Leur deuxième village, situé à quelques pas du pont Jacques-Cartier, avait créé un hub de festivités hors pair dans un espace inaccessible au public depuis des années. La vue imprenable sur le fleuve Saint-Laurent rendait le lieu incontournable les soirs de feux d’artifice à La Ronde. Les élus du secteur ont été tellement séduits par l’initiative qu’on a offert aux organisateurs de réinvestir le site cet été.

Mais ce ne sera malheureusement pas le cas. Ni au pied du pont Jacques-Cartier ni ailleurs sur l’île. «Un village éphémère, c’est vraiment intense à gérer et à organiser, me confiait récemment le président par intérim de l’ADUQ, Mathieu Drapeau. Comme on fait tout ça bénévolement et qu’on doit gagner notre vie en parallèle, on a réalisé que c’était beaucoup trop de travail pour poursuivre sur une base annuelle. On vise un retour en 2016.»

Mathieu Drapeau peinait à cacher sa déception durant notre conversation téléphonique. Il parlait même d’un «microdeuil» pour lui et son équipe. «On avait vraiment espoir que l’arrondissement aménage le site de façon permanente cet été, après le succès de notre initiative, mais ce ne sera visiblement pas le cas.»

L’association ne cessera pas pour autant ses activités cet été. D’autres types d’interventions urbaines plus modestes pourraient voir le jour au cours des prochains mois. «On est toujours en discussion avec certains arrondissements pour obtenir de petits budgets, poursuit-il. Le but de nos actions resterait le même qu’avec le Village, c’est-à-dire révéler le potentiel de sites oubliés, mais avec des marchés publics par exemple.»

Quelques sites seraient déjà dans la mire de l’ADUQ, mais je n’ai malheureusement pas réussi à tirer les vers du nez à Mathieu Drapeau. À suivre.

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