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Parce qu’on est en 2016

Un élu célébrera, au cours de sa vie professionnelle, une série de petites et de grandes victoires.

Par exemple: une élection, l’adoption d’un projet de loi, l’érection d’une bibliothèque dans sa circonscription. Des évènements qui méritent d’être soulignés haut et fort.

Mais lorsque qu’on célèbre une «victoire» politique qui va à l’encontre des engagements de sa ville ou de sa province, notamment sur le plan environnemental, mieux vaut se garder une petite gêne avant de sortir le gâteau et les confettis.

C’est ce qu’aurait dû faire la Coalition avenir Québec (CAQ), la semaine dernière, au lieu de se vanter sur Facebook d’avoir réussi à obtenir l’élargissement d’une autoroute dans la région de Québec… sans voie réservée pour le transport collectif!

Quelle victoire doit-on célébrer ici? Le fait que le gouvernement libéral néglige ses propres stratégies en matière de réduction de gaz à effet de serre et de dépendance aux énergies fossiles? Ou peut-être que le Québec est (encore une fois) une nation à part comparativement aux nombreux gouvernements de la planète qui s’engagent dans un virage digne du XXIe siècle en matière de transport collectif? Allez savoir.

Les députés Éric Caire et François Paradis ont même pris soin de rappeler que «le transport en commun et les voitures électriques sont à peu près inexistants sur cette autoroute» et que cette dernière «est essentiellement utilisée par des jeunes familles qui s’établissent en banlieue et qui n’ont d’autres choix que d’utiliser la voiture pour se rendre au travail».

Difficile de croire que les deux collègues de la CAQ ne réalisent pas le paradoxe dans leur message. C’est peut-être justement parce qu’il n’y a pas de transport en commun efficace qu’on en soit rendu à exiger un élargissement routier.

Et si ces deux députés avaient fait convenablement leurs devoirs, ils n’auraient probablement pas milité en faveur d’un projet semblable, réalisant qu’une telle «solution» pour désengorger le réseau est un cul-de-sac assuré pour les futures générations. Peu importe la largeur de l’autoroute, elle finira par atteindre son point de saturation en quelques années, étant donné que les voitures se multiplient à un rythme effréné sur nos routes. Même les axes autoroutiers les plus larges au monde, de Los Angeles à Pékin, ne réussissent plus à répondre à la demande.

Ça ne prend pas non plus un doctorat en urbanisme pour réaliser qu’un élargissement d’autoroute finit toujours par créer des effets d’entonnoir lorsqu’on arrive en ville. Devra-t-on également élargir les boulevards pour accommoder le surplus véhiculaire?

Mais ne pensez pas que je suis naïf. Si la CAQ souligne cette «victoire» avec autant d’enthousiasme, c’est bien sûr pour essayer de consolider sa base électorale auprès des automobilistes frustrés face à l’ajout de voies réservées à Québec. Et ils sont nombreux.

Ça reste tout de même de la petite, petite politique. Gouverner, c’est faire des choix éclairés pour assurer un avenir meilleur à sa communauté, quitte à se mettre à dos quelques électeurs et des radios locales. Les mentalités, ça se change, ça évolue, même auprès des automobilistes (et j’en suis!). Mais au lieu de militer pour le choix logique, le choix durable, la CAQ préfère tristement gagner quelques votes plutôt que d’avoir le courage d’affronter le lobby de la voiture solo.

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