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L’intolérance n’est pas québécoise

Chaque fois qu’une organisation québécoise échoue à accommoder une minorité, un anglo de plus pense que tous les Québécois francophones sont des racistes. Or, je voudrais une fois pour toutes me dissocier de l’intolérance qui sévit régulièrement au Québec à l’égard des religions autres que le catholicisme. Moi non plus, je ne suis pas d’accord. Même que j’ai honte.

J’ai honte quand j’apprends qu’on a donné raison au maire de Saguenay de vouloir réciter une prière au conseil de ville, parce que ça envoie un message hyper fort qu’en dehors du dogme catholique, vos prières ne seront pas entendues.

J’ai honte quand j’apprends qu’on s’insurge déjà contre un potentiel accommodement advenant le cas qu’une élection à date fixe tomberait le même jour qu’une fête religieuse. Câline, c’est même pas arrivé encore qu’on a peur de ça comme si ça voulait dire qu’on ne portait pas nos culottes.

J’ai super honte quand j’apprends que Pauline Marois appuie la Fédération québécoise de soccer, qui interdit à de jeunes sikhs de pratiquer leur sport préféré avec leur turban, parce que ça me donne l’impression que ma première ministre vit 50 ans en arrière. J’avais déjà très honte d’entendre la DG de la fédération, Brigitte Frot, faire l’emploi malheureux des mots «dans», «leur» et «cour».

Avant de juger, j’ai cherché à connaître les arguments de ceux qui s’opposent au port du turban sur les terrains de soccer et j’ai eu encore plus honte. Une référence bidon aux règlements de la Fédération internationale de soccer, comme si chacune des autres règles de la FIFA était respectée à la lettre. Une question de sécurité qui n’a jamais passé l’épreuve des faits : à ce jour, aucun jeune n’a été retrouvé étranglé par son turban. Et bien sûr, la logique de la pente savonneuse, qui n’est jamais bien loin dans ce genre de débat : si on accepte le turban au soccer, on devra accepter le kirpan à la lutte, la burqa au plongeon, les mariages entre hommes et animaux, c’est bien connu.

Surtout, j’ai honte qu’en tant que société ouverte et capable de discernement, on semble incapable de faire la distinction entre un accommodement raisonnable quand il s’agit de la «religion des autres», et un accommodement «déraisonnable» quand il s’agit d’imposer le catholicisme dans la sphère publique.

J’ai honte de tout ça, mais je n’ai jamais voté pour ça, et j’aimerais qu’on cesse d’associer l’ensemble des Québécois à cette intolérance.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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