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Truc pour mieux connaître les non-verbaux

Je suis convaincue que nous adhérons à des réseaux sociaux selon notre sorte d’intelligence. Je tiens probablement cette idée de ma mère, qui a passé le dernier tiers de sa vie professionnelle à classer les gens par style cognitif : verbal ou non-verbal, simultané (qui fait tout en même temps) ou séquentiel (qui mange son assiette en commençant par les petits pois, ensuite le quinoa, après le tofu).

Elle m’en voudrait peut-être de simplifier ici outre mesure, mais sa théorie s’observe du moins dans mon réseau immédiat. Comment expliquer sinon que ma sœur, un être profondément social, ne soit pas encore sur Facebook? Pour cette séquentielle non verbale, Facebook est un véritable cauchemar : elle est convaincue qu’elle doit lire – activité qu’elle n’adore pas parce qu’elle sollicite des aptitudes verbales – TOUS les statuts, suivant leur ordre d’apparition. Alors elle m’envoie des photos de ses enfants par… courriel.

Moi, au contraire, j’ai un cerveau simultané verbal qui file le parfait bonheur sur Facebook (où tout peut arriver simultanément, où des histoires se construisent en temps réel) et Twitter (qui n’est que mots et qui a même son propre #langage codé).

Ma sœur aurait peut-être plus d’affinités avec Instagram, un réseau social où son sens de l’observation serait mis en valeur et via lequel elle pourrait prendre des nouvelles de ses amis et de sa petite sœur sans se bâdrer des mots. Un réseau que je viens tout juste de découvrir, même si tout le monde en parle depuis quatre ans.

Je pensais qu’il n’y avait rien d’intéressant là-dessus qui ne se passait pas déjà sur Facebook, où il est aussi possible de publier des photos. Je me trompais, puisque j’y ai découvert une tout autre réalité : celle des non-verbaux. Grâce à la fonction «retrouver des amis», j’ai commencé à suivre automatiquement tous mes contacts Facebook. C’est alors que j’ai fait la connaissance de toutes ces personnes qui se font discrètes sur le réseau de Mark Zuckerberg, mais qui ont une vie trépidante en photos; de tous ceux que je trouve parfois maladroits en mots, et soudainement si compétents en images.

J’ai aussi découvert que 1) Les gens sont beaucoup plus gentils sur Instagram. «C’est qu’ils ont leur filtre», m’a expliqué un ami. 2) Certains interprètent le selfie comme le symbole ultime de l’individualisme des natifs de l’internet : c’est qu’ils n’ont pas entendu parler du phénomène «prends-moi en photo en train de faire quelque chose de fou pour que je puisse mettre ça sur mon Instagram». Et 3) Que ma vie sera beaucoup plus compliquée maintenant que j’ai un troisième réseau social à gérer. Quant à ma sœur, je lui expliquerai comment partager les photos de ses enfants là-dessus lorsqu’elle se sera familiarisée avec la technologie cellulaire, à laquelle elle a adhéré il y a tout juste une semaine. Je la rassurerai quand elle me demandera «à quoi ça sert les dièses?»

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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