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Dominic Lamontagne, le rebelle de l’agriculture

Photo: Collaboration spéciale

«La ferme impossible», c’est la ferme rêvée du couple formé de Dominic Lamontagne et Amélie Dion ; une fermette artisanale, qui aurait permis au couple de se nourrir et d’avoir un revenu minimal pour vivre.

Après s’être butter aux lois, aux quotas et autres complications du système agricole québécois, le couple n’a toujours pas sa ferme de 2 vaches, 200 poules et 500 poulets. Pour dénoncer l’étranglement agricole et la disparition du terroir québécois, Dominic Lamontagne se promène à travers le Québec pour donner des conférences et inviter, par le fait même, les Québécois à la micro désobéissance civile. La tournée s’arrête jeudi soir à Montréal. Entretien avec ce rebelle de l’agriculture.

Qu’est-ce que «la ferme impossible»?
Dans sa plus simple expression et la plus tangible, c’est le fameux 2 vaches, 200 poules, 500 poulets. Ça c’est une ferme qu’on s’était imaginée, ma conjointe et moi afin d’avoir un revenu minimal pour faire vivre une petite famille. Au début, cette ferme-là n’était pas impossible, c’était notre idée.

Pourquoi est-ce impossible?
Parce que, en vertu des réglementations en cours, le minimum de quotas qu’il faut que tu achètes, c’est 10 vaches, 100 poules et 1000 poulets. Alors la réalité québécoise législative rend la chose impossible financièrement.

Pour faire simple, l’idée c’est que pour nous une ferme, c’est une petite entreprise qui dépend de la possibilité de vendre ses produits en petites quantités à proximité de chez soi. Et ça c’est impossible. On n’a pas le droit de rêver à ce type d’entreprise-là au Québec, même si pour toi ça peut être viable. Parce que tu ne peux pas acheter ces quotas, qui sont beaucoup trop chers.

Cette réalité est-elle propre au Québec? Cette ferme dont vous rêvez, serait-elle possible ailleurs?
Oui. La gestion de l’offre est un système canadien. Aux États-Unis, dans le trois-quart des États, tu as le droit de vendre ton lait cru à la ferme, de faire ton abattage de poulets à la ferme et de vendre tes œufs au marché public. Eux aussi ont des problèmes, mais c’est plus au niveau de l’hygiène et de la salubrité que l’État essaie de mettre des bâtons dans les roues des gens qui travaillent de manière traditionnelle. Ils sont beaucoup plus libertariens que nous ; l’État doit jouer un rôle secondaire. Au Québec, on a cette particularité, on est très friands de se faire mener par l’État.

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Pour contourner ce problème, vous incitez les gens à «Manger libre». Que voulez-vous dire concrètement?
Ce que je propose, c’est une micro désobéissance civile très large. Je propose aux gens de se réintéresser à la production [alimentaire] à petite échelle et d’en vendre à leurs voisins, à leurs amis, à leur famille, même si c’est illégal. J’encourage les gens à faire du pain, du yogourt, à pousser fort pour avoir une poule. Essayez de trouver ça plaisant, intéressant et valorisant de cultiver votre autonomie. Plus tu es capable de te nourrir toi-même, plus tu es fort et stable. Devant le fait accompli, les lois changeront. Je ne veux pas voir de fermes disparaître, mais je veux voir des millions d’artisans apparaître.

Est-ce à dire que le travail artisanal est en voie d’extinction?
Selon moi, il est éteint. Si tu ne peux pas abattre à la ferme, vendre tes produits à la ferme ou au marché, parler de terroir, c’est charrier. La saveur d’un terroir n’est plus possible au Québec, il y a trop de restrictions. Ici, si tu veux faire des produits artisanaux et rester petit, le [ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec] va te harceler jusqu’à ce que tu grossisses ou que tu te fasses avaler par un plus gros. Ils te poussent constamment vers un volume de plus en plus grand, ça fait que les artisans n’ont plus leur place.

La ferme impossible
Jeudi 3 octobre, 19 h
Centre Saint-Pierre – Salle Marcel-Pépin
1212, rue Panet
Infos : enpleinegueule.com

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