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La longévité selon les frères Lenglet, du Cinquième Péché

Photo: Rachel Côté/collaboration spéciale

Beaucoup de restaurants ouvrent à Montréal, mais peu réussissent à traverser l’épreuve du temps.

Du 1er juin au 1er septembre 2014, on dénombrait plus de 20 ouvertures de restaurant à Montréal. Une quinzaine d’autres établissements devraient ouvrir leurs portes au cours de l’automne. Pourtant, bien que plusieurs entrepreneurs se lancent en restauration, le succès est loin d’être assuré. Des institutions comme le Continental, au même titre que de nouveaux établissements applaudis par la critique comme le Racines, ont dû fermer au cours des derniers mois.

Selon des données de 2008 du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec, plus de 56% des restaurants ne célèbrent pas leur troisième anniversaire, et quelque 85% ne passeront pas le cap des 10 ans d’existence.

Malgré ce triste état des lieux, certains restaurateurs arrivent à durer. C’est le cas de Benjamin et Benoit Lenglet, qui fêtent cet automne leur 10e anniversaire à la barre du restaurant Au Cinquième Péché. Les deux frangins, originaires du Nord-Pas-de-Calais, en France, se sont installés sur le Plateau-Mont-Royal il y a une décennie pour y offrir une cuisine du marché aux bases françaises adaptée aux produits d’ici.

Métro s’est entretenu avec le chef, Benoit, pour connaître le secret de leur succès.

Dix ans à la tête d’un restaurant, c’est rare. Les chefs se promènent beaucoup, les restaurants ferment…
C’est pour ça que ça se fête. On est très fiers d’en être arrivés là. Mais ça a demandé beaucoup de travail. Le secret pour y arriver, [on ne nous l’apprend pas à l’école hôtelière], il s’apprend sur le tas.

Quel est-il, ce secret?
La passion. Ça englobe tout. Avec la passion, on oublie qu’on fait beaucoup d’heures, on oublie qu’on est sous-payé… Je ne pourrais pas faire un métier que je n’aime pas.

Être avec mon frère, ça nous a donné une force que je n’aurais peut-être pas eue avec n’importe quel associé. On a les mêmes idées, on a travaillé ensemble dans plusieurs pays, et notre rêve, c’était d’ouvrir notre restaurant à nous. On a deux postes différents mais qui se complètent: Benjamin s’occupe de la salle et des vins, moi, je m’occupe de la cuisine. Ça nous a permis de nous créer une force supplémentaire.

Vous n’êtes pas très médiatisés, ni vous comme chef, ni votre restaurant, et malgré cela, vous durez. Est-ce nécessaire de faire parler de soi dans les média, en fin de compte?
Justement, le fait que je ne suis pas à la télé, mais dans ma cuisine tous les jours fait en sorte qu’on garde une constance dans le travail; je suis là pour veiller sur ce que le client va manger.

Mon métier, c’est celui de cuisinier, et honnêtement, je ne vois pas quand j’aurais le temps de faire de la télé.

«On a appris le marketing. Parce qu’au-delà de la constance, il faut se renouveler, inventer, il faut être à la recherche de nouveaux clients, il faut créer des événements.» – Benoit Lenglet, chef et copropriétaire d’Au Cinquième Péché

Déplorez-vous qu’on ne parle que des nouveaux restaurants?
Il y a énormément de buzz autour des nouveaux restaurants. Tous les médias se consacrent aux nouveautés, et c’est normal. Mais on se rend compte qu’un an après, six mois après, le resto n’existe plus.

C’est sûr que parfois c’est un peu frustrant, on finit par se faire oublier des médias. Mais c’est à nous de nous démarquer, en participant à des événements par exemple.

Après 10 ans, pouvez-vous vous asseoir un peu sur vos lauriers?
Pas du tout! On est toujours en évolution. Dernièrement en plus, il y a eu une petite crise en restauration, il y a moins de monde, moins de touristes, et nous sommes plusieurs à en avoir ressenti les effets dans nos restaurants. Il faut travailler, travailler, travailler. Quand on ne travaille pas en cuisine, on travaille à la maison, on fait du marketing. C’est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

Le risque, c’est de se laisser aller. À l’heure actuelle, vu l’évolution de la restauration à Montréal, mieux vaut ne pas s’endormir sur ses lauriers!

Trouvez-vous qu’il y a trop de restaurants qui ouvrent à Montréal?
C’est très facile d’ouvrir un restaurant. En ce moment, il y a beaucoup de jeunes super doués qui ramènent une nouvelle cuisine à Montréal.

Pour une population locale, on a énormément de restaurants, peut-être un peu trop, mais d’un point de vue extérieur, pour le tourisme, c’est important. Mais c’est la loi du plus fort, la loi de la jungle. Il y en a qui vont perdurer et d’autres qui vont se planter assez rapidement.

Au Cinquième Péché
4475, rue Saint-Denis

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