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Une ferme de cuisine où tout baigne

Une ferme de cuisine étagée, où le bocal des poissons fournit engrais et irrigation aux légumes du dessus. C’est ce qu’ont imaginé des chercheurs montréalais. Bienvenue dans le monde de la production agricole hyperlocale.

Les plans de quatre fermes de cuisine imaginées dans le cadre de l’École d’été sur l’agriculture urbaine de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont été présentés cette semaine. Voici les détails du projet Yaku.

yaku

Aquarium
Les déjections des poissons contiennent l’ammoniaque, qui est transformé en nitrites puis et en nitrates (donc en engrais) grâce à des bactéries présentes dans l’aquarium. Une pompe permet d’envoyer régulièrement l’eau du bocal, désormais riche en fertilisants, aux étages supérieurs où se poussent les fines herbes et les légumes. Ensuite, l’eau filtrée par les plantes pendant le processus d’irrigation est renvoyée dans l’aquarium. «Il faut bien doser le pompage pour fournir suffisamment d’eau aux plantations sans trop faire baisser le niveau d’eau dans l’aquarium, ce qui stresserait les poissons», explique un des concepteurs de la ferme, l’architecte Ricardo Vera. Il est important de garder le ratio entre la masse des poissons qui grandissent et le nombre de legumes qui pousse, sous peine de déséquilibrer l’écosystème. Il faut aussi trouver le bon ratio entre la quantité de plantes et la quantité de poissons, pour trouver l’équilibre de l’écosystème.

Plantations
Au premier étage des plantations, Daniela Curzi a fait pousser des herbes aromatiques comme du persil, du thym, de l’aneth, du basilic ou de la ciboulette. Au-dessus, on trouve du kale, de l’épinard, de la roquette et d’autres types de salades. Le choix des légumes varie notamment selon le type de poissons choisis au «rez-de-chaussée». «Le plus facile, c’est le tilapia, un poisson exotique résistant qui grandit vite. Si on préfère des poissons d’ici, comme la truite, qui vit en eau froide, on ne pourra pas faire pousser des plantes chaudes comme les tomates. Il faudra privilégier les laitues», conseille Jean-Philippe Vermette, qui a piloté le concours de fermes de cuisine. Les plans de construction sont depuis peu offerts en ligne gratuitement, mais Ricardo et Daniela pensent offrir leur expertise, car même si l’hydroponie et l’aquaponie sont à la portée de tous, le démarrage du système demande de la planification et de l’expérience, confient-ils.

Options
Les concepteurs de ce prototype surnommé Yaku (mot qui signifie «eau» en quechua et «cubicule de travail» en japonais) ont imaginé plusieurs options complémentaires. Le plateau du haut pourrait très bien servir à la production de kombucha ou de micropousses. Yaku prévoit aussi un espace consacré au vermicompostage pour les déchets organiques de la cuisine. Cela permettrait une économie circulaire tout au long de l’année, explique Daniela Curzi. Cette dernière met déjà à contribution sa ferme personnelle durant ses ateliers où elle allie cuisine et conversation en italien. «Le projet Yaku va dans la même direction que mes ateliers. On y retrouve une forme de circularité: produire pour nourrir son corps et son esprit en même temps», souligne la fondatrice de l’organisme O Ouverte.

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