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Pas de chantier sur le chantier

Les techniques de construction écologiquement responsables font évoluer les pratiques sur les chantiers. Les concepteurs du village Urbania, à Laval, en ont fait l’expérience.

L’acheteur s’en aperçoit au quotidien, avec la hausse de sa qualité de vie et la baisse de sa facture d’électricité. La nature, elle, apprécie le geste. Mais pour les constructeurs, qu’est ce que les préoccupations écologiques ont changé? 

Pour Sébastien Lessard, l’un des collaborateurs du village Urbania, à Laval, ce sont simplement les techniques qui ont évolué, car le temps de construction et de préparation d’un projet immobilier est resté sensiblement le même. «La différence vient des professionnels que l’on engage, estime-t-il. Pour améliorer l’efficacité énergétique du village, nous avons commandé une étude à une firme d’ingénieurs, qui nous a par exemple conseillés sur le choix des matériaux à utiliser.» À l’arrivée, les constructions du village sont 21 % plus efficaces sur le plan énergétique que la moyenne.

Le consultant en bâtiment durable Louis Réjean-Gagné pointe, lui, une tendance qui pourrait véritablement changer la vie des professionnels de la construction. «Au Québec, on se dit qu’un chantier sale, c’est normal. Mais les conditions de travail peuvent changer, affirme-t-il. En ce moment, je suis deux chantiers, dont l’un est propre, et je vois nettement la différence.» Sur un chantier propre, premier atout pour l’ouvrier, la meilleure qualité de l’air, qui réduit les risques de maladies pulmonaires, liées, par exemple, à l’inhalation de petites quantités d’amiante.

Autre avantage, selon Louis Réjean-Gagné : il est possible de faire de l’argent avec la gestion des déchets. «La plupart des déchets de chantier sont secs, ce qui fait que 95 % d’entre eux peuvent être retraités, contre seulement 5 % que l’on envoie au site d’enfouissement.» Ces chiffres, il faut le préciser, valent pour des constructions neuves et pas pour des rénovations.

Les constructeurs auraient donc tout intérêt à avoir des chantiers propres, d’autant que, toujours selon le consultant, les ouvriers de ces chantiers afficheraient une meilleure productivité. Des deux projets que Louis Réjean-Gagné suit en parallèle, et qui sont de même envergure, c’est celui qui privilégie le chantier écologique, pourtant démarré plus tard, qui sera terminé le premier.

Ces méthodes vont se généraliser, pense cet architecte de formation. Pourtant, il souligne la difficulté à faire évoluer les pratiques. «Le milieu de la construction est réfractaire au changement», confirme Sébastien Lessard. Voilà pourquoi, avant de songer à des préoccupations écologiques, en négociant par exemple une entente avec Communauto – l’entente doit encore être finalisée, mais quelques voitures devraient être prochainement disponibles sur le site du village Urbania – il a fallu avancer progressivement vers le durable.

«D’un bâtiment à l’autre, on essaie de nouveaux éléments, pour que nos constructions soient chaque fois plus efficaces.» Car les techniques existent, insiste Louis Réjean-Gagné, en énumérant aussitôt une kyrielle de pratiques intelligemment durables. «Dans le secteur de la construction, les architectes, les ingénieurs et les artisans n’ont pas toujours ce réflexe, mais la demande est là, alors les constructeurs suivent. C’est le début d’un grand mouvement.»

L’écologie, une raison pour acheter?
Si les acheteurs sont de plus en plus sensibles aux arguments d’économie d’énergie, est-ce pour autant la motivation première d’un achat? «Malheureusement non, regrette Sébastien Lessard. Le prix reste avant tout le premier critère.» Le constat se confirme lorsqu’on visionne quelques vidéos postées sur le site d’Urbania en réponse à un concours dont le premier prix est un condo dans le village.

De jeunes couples expliquent pourquoi ils veulent y habiter, et l’efficacité énergétique est très peu citée. Les considérations pratico-pratiques, comme la proximité des transports et des commerces, sont celles qui reviennent le plus souvent.

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