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L’obésité en progression au Québec depuis 40 ans

M. Spencer Green / The Associated Press Photo:

MONTRÉAL — La popularité de la restauration rapide, le choix plus considérable de loisirs bien assis dans son divan, et l’utilisation accrue de l’automobile ont ces conséquences: l’obésité gagne du terrain au Québec depuis 40 ans et la facture annuelle des soins de santé liés à l’excès de poids a été estimée à près de 3 milliards $, indique l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).

Le Comité scientifique sur la prévention de l’obésité de l’INSPQ vient de créer une ligne du temps pour analyser cette situation et comprendre sa progression au fil des années. L’obésité équivaut à un indice de masse corporelle (IMC) de 30 ou plus, est-il utilisé comme définition dans cette étude.

La progression a été constante, mais s’est accélérée dans les années 1980 et 1990, a fait remarquer en entrevue la chercheuse Chantal Blouin de l’INSPQ. «Il n’y a encore aucun pays dans le monde qui a réussi à cesser la croissance de l’obésité.»

Les pourcentages dévoilés sont marquants: en 1981, deux pour cent des enfants et des jeunes de 6 à 17 ans étaient obèses. Plus de 30 ans plus tard, cette proportion était de 10 pour cent.

Chez les adultes, l’INSPQ a constaté qu’en 2015, un Québécois sur 4 est obèse alors qu’en 1978, on l’évaluait à 14 pour cent.

Parmi les constats de l’organisme, l’on retrouve les suivants:

— Entre 1978 et 2013, la proportion des ménages québécois qui ont deux voitures est passée de 16 à 36 pour cent.

— Aujourd’hui, 20 pour cent des emplois demandent un niveau d’activité physique modéré, alors qu’en 1961 c’était presque la moitié des emplois.

— On retrouve des portions de plus en plus grandes dans les restaurants.

— L’avènement d’internet et des réseaux sociaux et leur croissante popularité incitent les gens à des loisirs sédentaires. Sans oublier la télévision.

Entre autres problèmes de santé reliés à l’obésité, l’on retrouve l’hypertension et le diabète: plus de 600 000 Québécois vivent actuellement avec cette maladie chronique, indique l’INSPQ.

D’ailleurs, ce qui a le plus marqué la chercheuse en réalisant tout ce travail, c’est qu’il n’y avait pas de cas de diabète de type 2 chez les enfants avant les années 1980. «Maintenant, il y en a, et pour moi, ça, c’est comme un signal fort que quelque chose a changé».

C’est l’émergence d’une nouvelle maladie de société, s’est-elle exclamée.

Les coûts associés à l’obésité au Québec ont été estimés en 2011 à près de 3 milliards $ par année par l’organisme. Ces coûts sont engendrés par l’hospitalisation (1,3 milliard $), les consultations médicales (110 millions $), les médicaments (860 millions $) et l’invalidité (630 millions $). Ces chiffres n’incluent pas tous les coûts associés à l’embonpoint et à l’obésité. Par exemple, les pertes de productivité liées à l’absentéisme et à la mortalité prématurée sont exclues du calcul.

L’on peut s’attendre à ce que la facture augmente alors que la prévalence de l’obésité est en progression, note Mme Blouin.

Mais il y a de l’espoir, dit-elle du même souffle. «On ne part pas à zéro.» Elle note de nombreuses initiatives mises en place comme le projet «dépanneur fraîcheur», qui vise à accroître l’offre de fruits et de légumes frais dans les dépanneurs, les municipalités qui investissent dans des pistes cyclables et d’autres aires sportives et les banques alimentaires qui ont conclu des ententes avec des producteurs maraîchers.

«Mais il va falloir en faire beaucoup plus pour renverser la tendance», juge-t-elle.

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