Le tour du monde (ou presque!) en 80 jours
Après 8100 km parcourus sur un vélo à énergie solaire et électrique, la Québécoise Anick-Marie Bouchard est la seule femme à avoir complété le défi Sun Trip en solo. Elle a raconté au fil des jours son périple sur son blogue, et sa plume lui a valu de remporter le concours du «meilleur blogueur» du Sun Trip. Quelques jours après cette aventure qui l’a menée de la France au Kazakhstan en 80 jours, Métro l’a rejointe par Skype en Ukraine, où elle se trouve présentement.
Mission accomplie
Son vélo n’étant pas 100% solaire, Anick-Marie Bouchard n’était pas qualifiée pour le prix de «l’aventurier solaire». Ce qui ne change en rien sa satisfaction personnelle. «Je suis très contente, d’autant plus que j’ai gagné ce que je voulais gagner, soit le prix du jury du concours du meilleur blogueur.» Tous ses objectifs ont été atteints, et la «Suntrotteuse» a terminé son périple en 80 jours. «Exactement comme je l’avais annoncé dans des interviews en mars! Et ça s’est passé… Je ne dirais pas “exactement comme prévu”; ç’a été très chaotique, mais les objectifs ont été atteints. Et je suis tellement contente de ça!»
Le parcours
Entre la France et le Kazakhstan, deux possibilités s’offraient aux concurrents: passer soit par le sud, soit par le nord de la mer Noire. Anick-Marie a choisi la voie sud, par amour pour la Turquie. «Je parle un peu turc. J’ai déjà passé deux mois en Turquie, à faire de l’auto-stop, à vivre chez les gens. C’est un pays que j’adore. Je voulais faire un long arrêt à Istanbul, mais j’ai dû l’annuler à cause d’un problème en Bulgarie. Ç’a été un aspect assez triste.» Avec un objectif quotidien moyen de 100 km, Anick-Marie a sillonné l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie et la Russie, jusqu’au Kazakhstan.
Le vélo
Houbi, le vélo – un nom inspiré du Marsupilami –, a bien réagi à tout ce kilométrage. «Il n’y a pas eu de bris majeur du cadre, par exemple, ou des jantes. Les pneus sont usés à la corde, c’est clair. J’ai eu de multiples crevaisons. Le seul problème majeur que j’ai eu s’est produit vers la fin du trajet et a mis en danger le planning de mon arrivée; des rayons de la roue motrice avant ont commencé à se briser.» Selon la cycliste, l’apport de l’électricité a rendu sa tâche plus facile. Houbi, avec ses 65 kg qui pouvaient parfois grimper jusqu’à 75 kg, arrivait grâce à son moteur à aller plus vite qu’un vélo «normal» tout en demandant moins d’efforts.
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Une épopée dangereuse?
D’après Anick-Marie Bouchard, le principal danger sur la route était… la route. L’aventurière a fait deux chutes, dont une qui lui a laissé une côte fêlée. Pour ce qui est des dangers humains, elle croit que «le fait d’être une femme a parfois augmenté le danger. À certains moments, j’ai dû être sur mes gardes.» Elle n’a cependant pas vécu d’altercation majeure. «J’ai évité le camping sauvage. Je sais que beaucoup de participants en ont fait, mais je ne me sentais pas à l’aise d’en faire partout. Mon but, c’était de me faire inviter spontanément chez des familles, d’organiser du couch surfing ou d’aller dans des gîtes de routiers.»
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Des rencontres marquantes
Selon la voyageuse, l’hospitalité en Asie centrale est très différente de celle qu’on offre en Occident. «Ce ne sont pas des pays qui ont l’habitude du tourisme. C’est très propice à faire la rencontre des gens.»
De façon plus générale, l’aventurière fait état de rencontres brèves, mais marquantes, qui ont ponctué son périple. «Comme celle de Maxim, dont je ne sais que le prénom et le fait qu’il travaille dans un garage. J’avais une crevaison, il m’a repérée. Il m’a simplement demandé “Comment je peux t’aider?”» La voyageuse a particulièrement apprécié cette approche. «Tous ceux qui m’ont abordée de cette manière, au lieu de me dire “Hein, tu voyages toute seule, où il est ton mari?”, m’ont aidée pour vrai. Et la relation s’est alors développée d’égale à égal. C’était très valorisant pour moi, une femme, de constater soudainement, dans ces milieux-là, qu’on n’accordait plus d’attention à mon sexe, qu’on me considérait simplement comme une personne en train de réaliser un défi. La rencontre avec Maxim, notamment, m’a fait énormément de bien. Il reconnaissait toute l’expertise que j’avais acquise. Avec d’autres, j’avais parfois l’impression, même après 4 000 km d’expérience, qu’on me traitait comme si je ne savais pas ce que je faisais.»