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Détour par les Pingualuit

Photo: Vincent Berthet/collaboration spéciale

Le parc national des Pingualuit se situe tout au nord du Québec, au Nunavik. Grâce au concours Le nord m’inspire, organisé par la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) – qu’il a gagné, Vincent Berthet y a passé une semaine en août. Un voyage dans un lieu à la fois proche et lointain, où la nature surprend.

Qu’est-ce qui vous a frappé en premier en arrivant là-bas?
Que les arbres allaient très haut [en latitude]. On a eu une première escale à Kuujuaq, où je pensais que c’était complètement désolé, mais c’était très verdoyant. Des rivières avec plein d’épinettes; il y avait encore beaucoup d’arbres. C’était des paysages vraiment agréables à regarder.

En reprenant l’avion, plus au nord vers le parc national, on a perdu les arbres. Là, je ne savais pas trop à quoi m’attendre non plus. J’ai été étonné de voir, de l’avion, qu’il y a énormément d’eau et de lacs, et que c’est très humide en fait.

Comment s’est déroulée la semaine? Est-ce que les activités étaient organisées, ou vous avez fait votre propre programme?
Un peu des deux. On est partis avec trois guides inuits. En fait, il y avait deux guides et une personne qui faisait plus l’intendance, qui était vraiment francophone et qui s’occupait de nous.

Les Inuit nous ont dit: «Vous nous dites ce que vous voulez faire.» Il y a plein de choses à faire: de la randonnée, du kayak, du canot. On peut aller pêcher, on peut aller deux ou trois fois au cratère [tant qu’on veut, en fait]. Eux nous donnent des indications sur les distances, le temps que ça prend. C’est ça que j’ai aimé aussi, c’est qu’on peut vraiment tout faire. On peut vivre une semaine très intense en faisant 30 km de randonnée, et on peut aussi rester une matinée au camp, à ne rien faire, juste relaxer. C’est vraiment magnifique là-bas.

Il y a quand même deux lieux que les gens aiment souvent visiter. C’est le cratère et le canyon de la rivière Puvirnituq. Mais on va toujours attendre la bonne météo pour aller au cratère. Par exemple, quand il n’y a pas de brouillard ou qu’il y a un beau soleil. On nous explique rapidement que le programme va beaucoup dépendre de la météo. S’il fait beau, on va y aller tout de suite et s’il pleut, on va faire autre chose en espérant qu’il fasse beau après. C’est très flexible.

Au cours de chacune de vos activités, vous étiez accompagnés par des guides?
Oui. Ce n’est pas obligatoire, mais ils aiment ça nous accompagner. On est aussi repartis en kayak tout seuls, par exemple. Il suffit de leur dire dans quelle direction on va, quel trajet on pense faire, au cas où il y aurait un problème. On peut aussi faire de la randonnée au cratère, si on emporte une radio. C’est comme on veut. Il n’y a pas de règle. C’est comme on le sent.

Dans le texte qui vous a fait gagner le concours, vous disiez que vous vouliez aller à la rencontre des gens de là-bas. Est-ce que vous en avez rencontré?
À part nos guides, pas beaucoup. Parce qu’en fait, on n’a pas passé de temps dans un village inuit. Mais déjà, c’est plein d’apprentissages parce qu’on passe beaucoup de temps avec eux, au camp, dans les randonnées, à jaser. On joue ensemble aussi souvent le soir après le souper. Ils adorent les jeux de cartes où, si tu perds, tu dois te baigner dans l’eau du lac le lendemain.

C’est vrai que, dans ce voyage, on n’a pas une immersion dans un village. Mais on a l’avantage de passer du temps avec trois Inuits qu’on connaît bien. C’est des gens qui n’ont pas forcément de la jasette, a priori, parce qu’ils ne vont pas te raconter leur vie, mais si tu leur poses des questions, ils sont contents de répondre. Dès qu’on s’intéresse à leur culture, à leur mode de vie, à la façon dont ils vivent, ils aiment répondre et partager ça. [Par exemple], les guides nous ont ramené du caribou, qu’ils avaient chassé.

Avec le recul, quelles sont vos impressions à propos ce voyage?
Première impression, c’est vraiment la proximité de cet endroit avec Montréal ou Québec. C’est à la fois proche et très loin. C’est-à-dire que, en à peine 4 heures d’avion, tu passes du camp au bord d’un lac près du cratère à Dorval, et ça c’est impressionnant. Et le territoire là-haut, c’est quelque chose de très puissant. Ça invite à la méditation.

À visiter, hiver comme été

Itirviluarjuq PINGUALUIT
Le parc national des Pingualuit est, selon Pierre Philie, qui y est agent de séjour, le plus «familial» des parcs situés au Nunavik. Il peut «recevoir tout type de clientèle. On a déjà reçu des dames de 75 ans!» affirme-t-il. L’été, on y pratique la randonnée pédestre, les sports aquatiques et la pêche. L’hiver, on y fait du ski de fond.

L’accès au parc se fait l’été en petit avion et en hélicoptère, à partir de Kangiqsujuaq. On y accède en semaine seulement. L’hiver, le trajet entre Kangiqsujuaq et le parc est de 4 heures en motoneige.

Trois guides permanents peuvent accompagner les visiteurs. Ils parlent français, anglais et Inuit. Bien qu’il soit possible de visiter le parc de façon autonome (après s’être enregistré), M. Philie précise qu’il est recommandé d’être accompagné. «C’est plus sûr avec les guides. Il faut venir au Nunavik pour voir qu’on peut avoir quatre saisons dans une journée!» prévient-il.

Il est aussi possible de camper.Côté installations, des chalets et des refuges aménagés ou rustiques sont disponibles. Les repas sont fournis dans des forfaits tout inclus. Sinon, les visiteurs peuvent apporter leur nourriture. Il est aussi possible de partager des repas traditionnels composés de poisson, de caribou ou d’oie avec les membres du personnel du parc, selon les disponibilités. Il est également possible d’organiser des activités culturelles, selon les demandes des visiteurs.

On recommande de faire des réservations six semaines à l’avance. À noter que le parc est fermé en juin et en octobre.
www.nunavikparks.ca/fr

Explorateur du nord
Vincent Berthet a l’habitude du nord. Le jeune homme de 32 ans a découvert les régions nordiques en 2009, en bateau, en Norvège. «Là, j’ai eu un premier contact avec les glaces et l’environnement polaire. Et après, toutes mes expériences, ç’a plutôt été en bateau, dans les glaces, très au nord, près de l’océan Arctique, dans les icebergs. C’est mon travail de caméraman qui m’a amené sur ces projets-là, à filmer des aventures de marins ou de plongeurs, de scientifiques qui allaient faire des missions dans ces endroits», affirme le résidant de Québec, qui travaille aussi en rénovation de bateau.

M. Berthet a ainsi voyagé au Groenland, à Spitzberg (Norvège) et au Nunavut. Le voyage aux Pingualuit était son premier au Nunavik.

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