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Les libéraux en arrachent en fin de campagne

Justin Trudeau

Justin Trudeau

Durant un point de presse à Montréal, Justin Trudeau a dit que la seule façon d’éviter un gouvernement conservateur est de voter libéral.

«On pourrait se réveiller mardi avec un gouvernement mené par Andrew Scheer, a-t-il admis pour la première fois au Jardin botanique de Montréal. On a un choix fondamental, un choix lundi qui va avoir des échos pour des générations à venir», a soutenu le chef libéral.

Alors que le NPD gagne des points au Canada et que le Bloc québécois se place maintenant en deuxième place dans les intentions de vote au Québec, les libéraux tentent de convaincre les électeurs indécis de voter rouge pour éviter une vague bleue. «On doit élire un gouvernement progressiste le 21 octobre et non une opposition progressiste», a martelé le premier ministre sortant.

Selon le dernier sondage d’Angus Reid, du côté des conservateurs, 73% des partisans sont certains de voter pour eux. Le vote progressiste semble moins solide: 45 % des partisans libéraux sont certains de voter pour le Parti libéral et 35% des partisans néodémocrates sont certains de voter pour le Nouveau Parti démocratique.

Déception progressiste

Le politologue de l’Université McGill Daniel Béland explique ce manque de certitude envers les libéraux par le déclin de l’image de Justin Trudeau. Le scandale du blackface et du brownface, l’achat de l’oléoduc Trans Moutain et l’affaire SNC-Lavalin ont nui aux libéraux, selon lui.

Le politologue croit que les libéraux avaient mené une campagne plus à gauche que celle du NPD en 2015, qui avait adopté un discours plus centriste. Aujourd’hui, cette image s’est écaillée, et la position du Parti libéral est difficile à comprendre, avance-t-il. «C’est un parti centriste, mais qui s’est donné une image de gauche et qui a gouverné au centre gauche. Certaines controverses ont été marquées par des contradictions entre le discours de Trudeau et ses politiques», explique Daniel Béland.

Selon lui, ces contradictions déplaisent aux jeunes progressistes, qui risquent de ne pas aller voter. Le professeur y voit un scénario similaire à celui qui s’est produit aux dernières élections américaines, où peu de jeunes étaient allés voter, car ils ne se sentaient pas représentés par la candidate démocrate Hillary Clinton.

«On pourrait s’imaginer un scénario dans lequel le parti qui obtient le plus de sièges ne remporte pas le plus de votes. Ça s’est déjà passé au Canada, en 1979; les conservateurs avaient obtenu seulement 36% du vote, mais ils avaient plus de sièges que les libéraux, qui avaient remporté 40% des voix», estime-t-il.

Contradictions

C’est sur ces contradictions que misent les néo-démocrates cette année. Le chef du NPD ne croit pas au progressisme de son rival libéral.

«Il dit de belles paroles en public, mais ce qu’il fait en privé, c’est exactement l’opposé», a-t-il encore soutenu. Le vote progressiste, c’est nous […] si on veut quelqu’un qui va vraiment lutter contre la crise climatique et annuler les subventions aux pétrolières, faire face aux inégalités sociales et s’assurer que les riches paient leur juste part, c’est nous», a confié Jagmeet Singh pendant une visite à Hochelaga.

Alexandra Viau, 32 ans, attendait devant une boulangerie d’Hochelaga pour saluer le chef néo-démocrate et lui manifester son admiration pour son audace. «Oui, je suis une femme blanche, mais en tant que femme bisexuelle, je peux comprendre c’est quoi, être marginalisée, et je sens qu’il va protéger mes droits», explique-t-elle. Questionnée sur Justin Trudeau qui a encouragé les électeurs à voter pour un gouvernement et non pour une opposition progressiste, la jeune traductrice répond qu’elle refuse de voter stratégiquement. «Je préfère voter avec cœur et savoir que j’ai fait la bonne chose selon mes valeurs», soutient-elle.

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