Selon une enquête sur le transport, la population de plusieurs pays compte conduire davantage à l’avenir qu’elle ne le faisait avant la crise sanitaire, cela même si l’écrasante majorité endosse la responsabilité humaine de la crise climatique.
Telle est la conclusion d’une récente enquête menée auprès d’environ 26 000 personnes dans 25 pays par le projet de YouGov-Cambridge.
Plus alarmant encore, les personnes interrogées ont l’intention de conduire davantage une fois la pandémie terminée. Cette tendance était claire dans tous les pays, et plus prononcée au Brésil et en Afrique du Sud, où plus de 60% comptaient utiliser plus souvent leur auto.
Aux États-Unis et en Australie, on s’attend à ce que plus de 40% des gens conduisent plus qu’auparavant, tandis que 10% le feront moins. Bien que cela puisse être en partie dû aux difficultés de distanciation sociale dans les transports publics, cela signifie tout de même plus de trafic et plus d’émissions.
«Comme de plus en plus de gens restent à la maison et travaillent à domicile, il y a une réduction de la circulation automobile associée aux déplacements et aux activités professionnelles. Mais en même temps, il y a eu un abandon de l’utilisation des transports publics et une utilisation accrue des véhicules privés pour les déplacements», explique Ian J. Faulks, professeur au Centre de recherche sur les accidents et la sécurité routière à l’Université de technologies du Queensland, en Australie.
Changements dans les habitudes de transport
Il ne fait aucun doute que la pandémie changera nos habitudes de voyage, et pas seulement du côté de la voiture.
Selon Patrick Moriarty, professeur associé adjoint au Département de design de l’Université Monash, en Australie, il y a une explication : «Nous vivons à une époque de ce qu’on a appelé «l’hypermobilité». En 1900, le trajet moyen en véhicule dans le monde (majoritairement par le chemin de fer) était d’environ 200 passagers par kilomètre. À la fin des années 2010, aux États-Unis, les voyages par habitant, dont les voyages aériens, représentaient plus de 27 000 passagers par kilomètre. En construisant plus de voitures, de routes, d’aéroports, nous avons essayé de répondre à une mobilité toujours croissante, alors que le problème à résoudre est vraiment celui de l’accès.»
«Et bien qu’après l’urgence sanitaire mondiale, il soit possible que les habitudes de voyage reviennent aux conditions d’avant la pandémie, l’industrie aérienne ne s’attend pas à ce que cela se produise avant 2024», pense M. Moriarty. De plus, le télétravail et les cours en ligne pourraient s’installer durablement dans la vie de nombreuses personnes, ajoute-t-il. Selon cet expert, la pandémie pourrait ainsi mettre un terme à cette hypermobilité.