L’investissement de 100 M$ du provincial en santé mentale est perçu comme un bon début qui demeure toutefois insuffisant par l’organisme Le Tournant. Le Pont du Suroît considère quant à lui que la concertation du milieu permettrait d’améliorer les services sans augmenter le budget.
L’aide gouvernementale prévoit entre autres 10 M$ pour les organismes communautaires et 19 M$ pour la création «d’équipes sentinelles» afin de rejoindre les plus vulnérables.
Ce sont ces deux mesures qui intéressent le plus l’organisme Le Tournant, qui offre plusieurs services de crise et de prévention du suicide dont une ligne téléphonique d’urgence. Son directeur adjoint se dit encouragé par l’annonce.
«100 millions c’est quand même très peu si on regarde tous les enjeux, mais je pense que c’est un bon point de départ, affirme Sébastien Piché. L’inclusion du communautaire est encourageante parce que l’argent ira à des ressources qui travaillent directement avec la clientèle.»
L’organisme contribue à former des «sentinelles» depuis plusieurs années. Des personnes de la communauté peuvent ainsi suivre une formation pour repérer les signes de détresse psychologique et diriger les gens vers l’aide disponible.
«Cette approche a fait ses preuves, explique-t-il. Les sentinelles mettent en contact les futurs usagers avec le réseau et les ressources. Il y a donc un débouché intéressant à ce niveau-là.»
Services aux proches
De son côté, Le Pont du Suroît offre de l’appui aux proches d’adultes ayant des problèmes de santé mentale. Il fait partie du réseau Avant de craquer qui regroupe 41 ressources du genre.
Selon les calculs du regroupement, il faudrait 20 millions de dollars supplémentaires par année afin de pallier les besoins, uniquement dans ce secteur. Le Pont du Suroit, par exemple, aurait besoin de sept employés pour répondre à la demande, mais ne peut s’en permettre que quatre.
Son directeur général a perdu espoir d’obtenir du nouveau financement. «Ça fait 12 ans qu’on n’a pas obtenu d’argent neuf, évoque Marc-André Bédard. Je n’y crois plus.»
Une approche de concertation dans la région permettrait selon lui de faire plus avec les budgets existants en coordonnant les ressources. «Les organismes ne se parlent pas beaucoup, affirme celui qui est à la tête du Pont du Suroit depuis 29 ans. Dans le passé, on a eu des tables d’information, mais ça prendrait vraiment de la concertation dans laquelle on explore ensemble ce qui aurait à faire et comment on va le faire.»
Outre les 29 millions pour le communautaire et les «sentinelles», 35 M$ seront réservés pour réduire les listes d’attentes sur le réseau. Plus de 30 M$ serviront à maintenir les services mis en place d’urgence pour la pandémie et 5 M$ seront investis dans la prévention du suicide.
Davantage sollicités
Les deux organismes ont enregistré des hausses de la demande pour leurs services en raison de la pandémie. Le Tournant fait état d’une augmentation de 20% des appels depuis la mi-mars.
«On a eu une petite pause cet été, mais c’est reparti de plus belle avec la deuxième vague», avance Sébastien Piché.
Le Pont du Suroît note de son côté une augmentation de 11% entre le 1er avril et le 31 octobre. «Être en confinement avec quelqu’un qui est atteint de maladie mentale amène un niveau de détresse beaucoup plus grand pour les membres de l’entourage», explique Marc-André Bédard.