La fragmentation de l’évaluation de la qualité des soins et services, leur désorganisation, ainsi que l’accès limité à l’information ont contribué au triste bilan de la première vague de COVID-19 en ce qui concerne les décès d’aînés.
Ce sont les trois grandes lacunes identifiées par la Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) dans son rapport préliminaire visant à évaluer la performance du système de santé et de services sociaux pendant la crise.
«Sans données fiables en temps opportun et sans évaluation efficiente de la qualité des soins et services offerts aux personnes âgées, le gouvernement ne peut prendre des décisions éclairées et mettre en place des politiques adéquates et centrées sur les résultats pour la population», a déclaré la commissaire Joanne Castonguay.
En août 2020, le gouvernement du Québec a confié le mandat d’évaluation au CSBE. Ce mandat touche particulièrement l’offre de soins et de services aux ainés et la santé publique.
Dans son rapport préliminaire d’une quarantaine de pages rendu public jeudi, la commissaire Castonguay jette un premier regard sur la gouvernance du système durant la première vague de COVID-19. En avril dernier, elle avait toutefois déjà émis un constat clair: le Québec connaissait déjà les enjeux du réseau.
Évaluation «fragmentée», désorganisation, manque d’informations
Dans un premier temps, la commissaire Castonguay indique que l’évaluation de la qualité des soins et services reçus par les personnes âgées est «fragmentée».
Aucune stratégie commune et globale n’existe, ce qui fait en sorte que les évaluations se font à la pièce. Aucun organisme n’est officiellement responsable de compiler les résultats générés lors des différentes évaluations.
Joanne Castonguay note aussi que les soins et les services reçus par les aînés sont désorganisés.
En effet, un patient doit transiger avec de «multiples intervenants» ayant chacun leurs façons de faire, leurs directives et leurs objectifs. Selon elle, un seul point de contact pour tous les services serait favorable pour le patient.
«Des solutions, comme la création d’une offre de soins intégrés pour chaque patient, existent et ont été maintes fois réitérées par des experts, des comités et des chercheurs. Maintenant, il faut trouver comment les mettre en pratique à grande échelle pour faire face au vieillissement de la population et ses impacts», souligne la commissaire.
Finalement, la commissaire Castonguay rapporte que l’accès à de l’information «complète et fiable» sur les soins et services offerts aux personnes âgées est très limité.
«Or, c’est essentiel pour prendre des décisions justes et axées sur les besoins des patients», ajoute-t-elle.
Accueil favorable du ministre de la Santé
Peu de temps après sa publication, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a indiqué avoir pris acte des principaux constats et des premières réflexions énoncées dans le rapport préliminaire.
Ce premier rapport constitue «une première étape» dans l’analyse que fait la commissaire Joanne Castonguay du fonctionnement du réseau de santé, a-t-il déclaré dans un communiqué. «En tant qu’entité indépendante, elle saura nous éclairer sur les actions complémentaires que nous pourrons mettre en place pour améliorer la façon dont on prend soin de nos aînés au Québec», a ajouté le ministre Dubé.
Il a par ailleurs rappelé que plusieurs éléments contenus dans le rapport ont été mis en œuvre dans la gestion des 2e et 3e vagues de la pandémie. L’élu donne comme exemple la création d’un poste de gestionnaire responsable par CHSLD. «La gouvernance locale est essentielle. On va suivre de près la suite en décembre», a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Le rapport final de la CSBE sera rendu public en décembre 2021. Il proposera des recommandations sur la gouvernance des soins de longue durée et des soins et services dispensés aux personnes âgées ainsi que sur la gouvernance de la santé publique.