Selon statistique Canada, en 2019 au collège militaire, une élève officière sur 7 aurait été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle.
La place de la femme dans l’armée, c’est l’un des thèmes sur lesquels travaille Servane Roupnel, qui fait un doctorat en anthropologie à l’Université de Laval.
Elle travaille aussi comme Coordinatrice nationale du rayonnement universitaire et de l’évaluation de programme chez Forum de Respect.
L’organisme promeut la collaboration et le partage des connaissances, pour améliorer le mieux-être de tout le personnel en uniforme.
Son travail et ses recherches lui permettent d’offrir un bilan très actuel de la place de la femme dans l’armée canadienne.
La libération de la parole, une avancée notoire
«Aujourd’hui on constate de plus en plus de grandes femmes militaires. Elles sont davantage mises en avant, et ça c’est déjà très positif» note tout d’abord Servane Roupnel.
«Les jeunes filles qui rêvent d’armée peuvent avoir des modèles, des mentors, comme Jennie Carignan par exemple». (NDLR, première femme à commander une unité de combat dans l’histoire des Forces armées canadiennes).
Mais la doctorante relève davantage de points négatifs auxquels sont confrontées les femmes en uniforme.
En 2015, le rapport L’opération honneur était rédigé par l’ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps. Il faisait l’effet d’une bombe, auprès d’un public de civils médusés.
Ce rapport, publié sous l’autorité du ministère de la Défense, révélait plusieurs faits. Notamment que plusieurs hauts gradés de l’armée canadienne étaient accusés de harcèlement et d’agressions sexuelles.
«Et aujourd’hui très peu de femmes se font connaître comme victime de stress post-traumatique» explique Servane Roupnel. «La plupart refusent de témoigner. Elles ne veulent pas rajouter à la stigmatisation dont elles sont déjà victimes en tant que femme».
Une culture à repenser
Servane Roupnel précise tout de même que « Les forces armées canadiennes sont avancées par rapport à d’autres armées dans le monde.
«Les femmes peuvent accéder à toutes sortes de postes. Mais on reste dans une approche neutre du genre».
Selon la doctorante, aux yeux de l’armée aujourd’hui, « il n’y a pas des hommes, et des femmes, il y a juste des militaires. Et on voit bien que cette pensée n’est pas la solution.
Car si on pousse la réflexion, c’est la même problématique pour la question du genre, incluant les communautés LGBTQIA+ qui ne sont pas considérées. On a très peu d’informations sur ce sujet ».
Heureusement selon la doctorante, le Canada dispose «d’une très bonne communauté de chercheurs qui se questionnent sur ces problématiques».
Leur travail permettra à l’avenir d’avoir plus de chiffres sur lesquels se baser. Et «apporter de nouvelles données concrètes sur la place actuelle des femmes, dans l’armée».