J’étais dans l’autobus ce matin et, même s’il était super tôt, l’express St-Joseph était plein de monde. Je me suis frayé un chemin vers l’arrière à travers les gens trop paresseux (ou simplement trop imbéciles) qui bloquent toujours l’avant et s’insurgent contre tout ce monde qui les bouscule. Dans la partie arrière, j’ai vu une jeune fille d’environ huit ans qui jouait à un jeu vidéo sur un gameboy moderne (aucune idée comment ça s’appelle) à côté d’un homme qui semblait être son père et qui lisait le journal (un vrai journal papier) en maugréant parce’ l’article documentait de manière extrêmement précise les deux cents soixante-dix nouvelles manières par lesquelles on se fait fourrer. La jeune fille semblait, elle aussi, en ta, grimaçant et peinant devant sa machine et émettant de petits cris de panique.
Je me suis planté devant cette scène familiale parce qu’il n’y avait pas de place ailleurs en me disant « ouin, belle ambiance… »
Puis, finalement à bout de nerfs, la jeune fille s’est tournée vers son père et lui a dit en soupirant: «J’suis pas capable de passer le monstre du niveau 8.» Son père s’est penché vers elle, a plié son journal et lui a dit: «Attends, je vais t’aider». La tête sur son épaule, la fillette a assisté, les yeux pleins d’admiration, au pétage de yeule en règle que son père a infligé à cette grosse limace géante venue écœurer tout le monde avec ses désirs de conquête. À la suite de cette victoire, père et fille se sont faits un genre de high-five compliqué qui impliquait un move entre les jambes et quelques pirouettes. Puis ils se sont levés en riant pour débarquer à leur arrêt.
Bref, c’était un beau moment filial devant lequel on pouvait se permettre de croire, au risque de passer pour rétrograde et vieux-jeu, qu’un père, ça sert peut-être aussi à ça: protéger sa fille de tous ces monstres gluants.
-ART