La «guerre des chiffres», après une élection, doit cesser, clame l’opposition officielle de la Ville de Montréal. Celle-ci demande à l’administration municipale de créer un Bureau indépendant du budget (BIB).
Ce BIB permettrait à la fois «une plus grande transparence», une «discipline budgétaire» optimale et «une meilleure reddition de comptes», a déclaré lundi Lionel Perez, le chef de l’opposition, deux jours avant la présentation du budget 2018 de l’administration Plante-Dorais.
Avec la création d’un tel bureau municipal, qui existe déjà à New York, Chicago, Pittsburgh ou encore San Diego, ce dernier souhaite mettre un terme aux envolées verbales entre élus de différents partis, lorsqu’un changement d’administration est provoqué par des élections.
Rappelons qu’en novembre, quelques jours après avoir pris possession de l’hôtel de ville, Projet Montréal avait dénoncé un manque à gagner de 358M$ dans les finances de la Ville.
«Cette guerre de chiffres mine la confiance des Montréalais envers les institutions», a expliqué le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, porte-parole de l’opposition en matière de finances, qui présentera cette idée aux élus du conseil municipal le 22 janvier prochain..
«Ce Bureau indépendant du budget permettrait d’élever le débat et de dépolitiser les chiffres.» –Lionel Perez, chef de l’opposition officielle
Concrètement, ce BIB, qui serait «neutre» et «indépendant», pourrait accueillir 30 à 40 personnes, selon l’opposition, qui imagine un budget d’environ 5M$, soit 0,1% du budget de la Ville de Montréal, pour cette institution. Son directeur serait nommé par «deux tiers» des élus du conseil municipal et serait «imputable et redevable».
«On est dans une ère de fake news et on pense qu’une telle institution peut amener des faits qui sont réels», a repris Alan DeSousa. Son parti souhaite également utiliser ce BIB au cours d’une période électorale. Selon l’opposition, les candidats pourraient ainsi faire valider financièrement leurs propositions avant le scrutin.
Ottawa dispose également d’un tel outil avec le Bureau du directeur parlementaire du budget. Celui-ci comprend 17 personnes et, selon a pour mission, tel qu’on peut le lire sur son site internet, d’aider «les parlementaires à remplir leur rôle constitutionnel consistant à examiner la façon dont les fonds publics sont perçus et dépensés ainsi qu’à surveiller les activités du gouvernement dans leur ensemble.»
Équipe Coderre n’avait cependant pas évoqué cette création d’un BIB au cours de la campagne électorale l’automne passée. Cette proposition serait désormais «pertinente» selon Lionel Perez, qui a succédé à Denis Coderre, et qui dit «regarder vers l’avenir».
Projet Montréal a sa propre idée
Si l’administration de Valérie Plante est en «accord» avec l’opposition pour «mettre fin au secret budgétaire lorsque nous entrons en période électorale», cette dernière compte davantage miser sur un rôle accru du Bureau du vérificateur général, chargé de vérifier les comptes de la Ville de Montréal. Ce dernier pourrait par exemple faire un bilan complet des finances quelques semaines avant les élections.
Récemment, cette idée a été adoptée par le gouvernement provincial et Projet Montréal compte s’inspirer de cette solution qui serait «beaucoup moins coûteuse» que celle proposée par Équipe Coderre, selon Marc-André Viau, directeur des communications du cabinet de la mairesse Plante, qui a ajouté être «en désaccord complet» sur l’utilisation de fonctionnaires «pour analyser les programmes des partis politiques».
«Ce n’est pas à la fonction publique d’effectuer des tâches politiques», a souligné le porte-parole de Mme Plante.