La Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) injecte 300 M$ dans le projet du terminal Contrecoeur, malgré le fait que l’étude environnementale de l’Agence fédérale d’évaluation d’impact n’ait pas encore été rendue publique.
«Le résultat de cette évaluation va être un facteur déterminant. C’est en cours en ce moment. On pense qu’on va être en mesure de compléter le processus cette année», s’est défendu le ministre des Transports, Marc Garneau, mercredi.
Si l’élu fédéral reconnaît que les risques environnementaux sont réels et que «certaines espèces sont à risque», il assure que le gouvernement Trudeau examinera l’ensemble des enjeux avant de donner le feu vert à la construction, prévue dès 2021.
Fin novembre, le directeur québécois de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), Alain Branchaud, affirmait à Métro qu’il faudrait mettre le projet sur pause, voire carrément l’annuler. Le projet de terminal à Contrecoeur ne se justifie selon lui «que dans une perspective d’élargissement de l’étalement urbain et de consommation».
D’après Greenpeace, l’existence du chevalier cuivré – le seul animal vertébré trouvé seulement au Québec – est menacée par le chantier. Son bassin se situe sur les terrains convoités. À peine une centaine d’individus vivent toujours dans la région métropolitaine.
Le porte-parole de l’organisme, Patrick Bonin, appelle les gouvernements «à considérer d’autres alternatives», à commencer par l’optimisation de la capacité d’accueil du Port.
Des discussions sur le terminal Contrecoeur
À terme, le nouveau terminal Contrecoeur permettrait d’augmenter la capacité maximale du Port de 1,9 million à 2,5 millions de conteneurs. Pour la présidente-directrice générale du Port de Montréal, Sylvie Vachon, l’investissement du BIC permet d’ajouter une expertise «essentielle» à un projet «d’envergure».
«Ça nous permet maintenant de se concentrer sur les prochaines étapes, dont une importante est justement l’obtention de nos permis environnementaux», a-t-elle avoué. Son groupe serait aussi «en discussions» pour finaliser une entente avec l’opérateur du terminal, qui devra aussi investir de sa poche pour acquérir des équipements.
«On bâtit notre projet sur des hypothèses. Il y a certaines éléments qui vont varier selon le type d’opérations», avance Mme Vachon. «Chose certaine, c’est qu’on constate avec l’évolution des marchés qu’on arrive à pleine capacité terrestre», renchérit-elle.
Montréal «rassurée», mais sur ses gardes
Appelé à réagir, le responsable de l’urbanisme au comité exécutif, Éric Alan Caldwell, s’est dit «rassuré» d’entendre que le fédéral respectera le processus d’analyse environnementale pour «résoudre les enjeux». «Ces points de vue-là devront être entendus. On compte sur les acteurs de la société civile pour les faire entendre. C’est certain que ça doit faire partie de la réflexion», a-t-il expliqué à Métro.
D’après Sylvie Vachon, plusieurs études sont aussi en cours quant à l’impact de la circulation des camions au nouveau terminal. Quelque 1200 d’entre eux y transiteront. «On est très soucieux de voir comment on peut réduire les impacts. Comme le cœur de notre activité se situe en zone industrielle, on pense que ça nous aidera à amenuiser les effets», lâche-t-elle.
«On est devant l’Agence d’évaluation d’impact depuis 2015. On a fourni énormément d’études d’impact. Maintenant, on est à répondre à des questions de précisions.» -Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal
M. Caldwell abonde dans le même sens. «Il faut savoir considérer la mobilité des marchandises au niveau régional, tonne-t-il. On arrive à capacité au Port de Montréal, alors c’est un enjeu important. Il faut optimiser le transport des marchandises, mieux planifier les routes de camions, mieux utiliser le train et le transport maritime pour réduire l’impact du camionnage.»