L’entreprise d’autopartage Car2Go quitte le marché nord-américain et, du même coup, Montréal. Elle arrête aussi ses activités dans plusieurs grandes villes européennes.
L’entreprise SHARE NOW, qui gère les véhicules en libre service (VLS), l’a annoncé dans un communiqué, mercredi.
Les Montréalais pourront donc utiliser les 500 véhicules de l’entreprise jusqu’au 29 février 2020 inclusivement. Les villes de Florence, Londres et Bruxelles, en Europe, perdent elles aussi leurs Car2Go.
SHARE NOW souhaite désormais se concentrer sur ses 18 villes européennes restantes.
La compagnie, qu’on reconnaît à ses voitures bleues et blanches de marque Smart, évoque deux raisons principales pour son départ: l’aspect «volatile» du marché de la mobilité, ainsi que les «complexités d’infrastructure» nord-américaines.
L’opérateur derrière Car2Go souligne d’ailleurs «un manque d’infrastructures nécessaires pour les nouvelles technologies – incluant l’autopartage électrique – et les coûts d’opération en hausse».
Ces propos font écho à ceux qu’avait tenus l’entreprise sur Montréal l’an dernier. Car2Go avait alors dénoncé «un manque de volonté» de l’administration montréalaise.
«Il importe que l’administration Plante soit davantage à l’écoute et mette enfin en place les conditions essentielles au développement de l’autopartage», avait écrit la directrice générale du groupe, Hélène Mercier Brulotte, dans une lettre ouverte.
La Ville réagit
À la Ville de Montréal, on se dit «déçu de cette décision».
«Nous croyons beaucoup au système de l’autopartage, a affirmé dans un message texte l’attachée de presse au cabinet de la mairesse, Geneviève Jutras. […] Il faudra continuer à être innovant pour minimiser la dépendance à l’auto solo et ainsi diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.»
Elle a tout de même fait remarquer que «cette décision est pour l’ensemble du territoire nord-américain et pas spécifiquement Montréal».
En août, Montréal avait réduit le prix des vignettes de stationnement universelles que doivent se procurer les entreprises d’autopartage. Le rabais s’élevait à plus de 500$ par vignette.
Alors que la possession de voitures a baissé pour la première fois du siècle l’an dernier, l’utilisation des VLS tend à grimper.
Un goût «doux-amer» chez Communauto
Malgré le départ d’un compétiteur, l’organisme Communauto affirme qu’il est «dommage» que Car2Go ferme boutique à Montréal.
«Car2Go a quand même été une partie importante du développement de l’offre de l’auto en libre service», a confié à Métro le vice-président de Communauto, Marco Viviani.
«Le fait qu’on était deux organisations, ça rendait la chose plus facile.» – Marco Viviani, vice-président de Communauto
Selon lui, le départ de cette flotte pourrait nécessiter «l’ajout de 300, 400 véhicules [au parc de Communauto] pour combler la demande».
M. Viviani est d’accord pour dire que le développement de l’autopartage électrique s’avère difficile dans le secteur. «En Europe, le siège social de Car2Go a décidé de se concentrer sur le libre-service électrique parce qu’en Europe, ils sont rendus là, a-t-il avancé. Ce n’est pas la même chose en Amérique du Nord, où les infrastructures de recharge ne sont pas si développées et où les distances sont plus grandes.»
Clientèle active
Car2Go s’est installée à Montréal en 2013. Sa zone de desserte s’était ensuite étendue graduellement d’un secteur de la ville à l’autre, dont le Vieux-Pointe-aux-Trembles, plus récemment.
Mais Car2Go subissait de nombreuses difficultés dans d’autres villes du continent. Elle s’est retirée cette année d’Austin, de Denver, de Portland, de Chicago et de Calgary.
Évoquant des raisons similaires à celles d’aujourd’hui, Car2Go avait initialement décidé de maintenir certaines de ses voitures dans cinq métropoles canadiennes et américaines, dont Montréal.
Avec des informations de Zacharie Goudreault