La mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, impliquée dans une affaire de harcèlement psychologique, s’expose à des recours judiciaires de la part de ses employés, selon des experts.
Mme Montgomery, qui siège comme indépendante depuis son expulsion du caucus de Projet Montréal en janvier, a récemment suspendu pour 17 jours son directeur général d’arrondissement, Stéphane Plante. Ce dernier aurait refusé de prendre part à des rencontres de travail en présence de la directrice de cabinet de Mme Montgomery, Annalisa Harris.
Or, Annalisa Harris est au coeur d’une enquête menée l’an dernier par le contrôleur général de la Ville, Alain Bond, qui conclut que Mme Harris a harcelé psychologiquement deux employés de l’arrondissement, dont M. Plante.
Recours judiciaires
Me Bond avait d’ailleurs recommandé à la suite de son enquête que Mme Harris cesse d’être en contact avec des fonctionnaires de l’arrondissement. Devant le refus de Mme Montgomery d’obtempérer, le contrôleur général a déposé le 14 février une plainte à la Commission municipale du Québec. Celle-ci a depuis entamé sa propre enquête sur cette affaire.
«Probablement que ce directeur d’arrondissement va s’adresser à la Commission municipale du Québec ou au Tribunal du travail pour suspension illégale», estime la professeure à l’Université du Québec à Montréal et experte en gestion municipale, Danielle Pilette.
Par ailleurs, l’attachée de presse de la mairesse, Catherine Lavarenne, a quitté son poste à la fin du mois dernier parce qu’elle jugeait le climat de travail malsain au sein de l’arrondissement.
«[Mme Montgomery] doit s’inquiéter», laisse tomber le professeur à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) et ancien ministre des Affaires municipales du Québec, Rémy Trudel.
«Ce n’est pas la mairesse de la Ville, ce n’est pas le contrôleur général, mais bien le tribunal qui va décider qui a raison là-dedans.» -Rémy Trudel, professeur invité à l’ÉNAP
Des pouvoirs limités à la Ville
Dans les dernières semaines, la Ville a éjecté Mme Montgomery de deux commissions permanentes où elle siégeait. Elle a ainsi perdu une certaine influence politique et des revenus additionnels d’environ 12 000$ par année.
Il est toutefois peu probable que la mairesse d’arrondissement subisse des sanctions plus graves, estime Mme Pilette.
«Un tribunal ne va pas suspendre Mme Montgomery facilement parce qu’elle est une élue […] Avant de suspendre un élu, ça prend des accusations criminelles très graves, ce qui n’est pas le cas actuellement», souligne l’experte. Cette dernière rappelle que ce n’est pas Mme Montgomery qui fait l’objet des allégations de harcèlement, mais bien sa directrice de cabinet.
La mairesse d’arrondissement aurait toutefois fait preuve d’«aveuglement volontaire» dans cette affaire en fermant les yeux sur certaines allégations concernant Mme Harris. C’est pourquoi Me Bond a refusé de remettre ses rapports d’enquête à la mairesse d’arrondissement, qui s’est tournée cette semaine vers la Cour supérieure du Québec pour tenter de les obtenir.
«Son problème va rester entier jusqu’à la prochaine élection et son sort sera alors connu», conclut Danielle Pilette au sujet de la mairesse d’arrondissement.
Mme Montgomery n’a pas voulu commenter ce dossier, puisqu’elle présentera ce soir aux élus de l’arrondissement une explication écrite justifiant la suspension de M. Plante.