Montréal

Les dentistes prêts à rouvrir, mais inquiets pour l’avenir

Les dentistes se préparent à ouvrir le 1er juin

Dès lundi prochain, les cliniques dentaires pourront rouvrir leurs portes et soigner leurs patients. Si les dentistes se disent parfaitement aptes à gérer les risques de contamination, ils déplorent un manque de soutien de la part de Québec et s’inquiètent d’une possible pénurie de matériel.

«On est très content de pouvoir bientôt accueillir à nouveau nos patients. On a traité des urgences pendant le confinement. Mais, beaucoup de gens attendent de recevoir des soins», explique le Dr Ziad Rjeily, dentiste au Centre dentaire Masson.

Comme lui, plusieurs dentistes interrogés par Métro Rosemont se disent prêts pour la réouverture prévue le 1er juin. À la Clinique dentaire Beaubien, le Dr Raja Hanna tient surtout à rassurer les patients.

«Nous sommes prêts à 100%. Nous avons tout mis en place pour que les patients ne soient pas exposés à des risques de contamination en venant à la clinique», assure-t-il.

Comme l’a rappelé plusieurs fois la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, lors de points de presse, les dentistes sont des professionnels de santé très bien formés à la gestion de risques contamination.

Ils soignent régulièrement des patients atteints de virus comme l’hépatite B ou le VIH. Des protocoles de sécurité existent donc déjà pour éviter toute contamination.

«En tant que dentistes on est déjà habitués à gérer les risques de contamination. Là, il va falloir prendre des précautions additionnelles, mais ça ne nous inquiète pas», confirme le Dr Rjeily.

En arrivant, les patients devront d’ailleurs être masqués, se laver les mains, répondre à un questionnaire et prendre leur température. Dans les salles d’attentes, les sièges seront espacés de deux mètres et des vitres en plastique seront installées à la réception.

Des aménagements coûteux

Pour assurer la sécurité de leurs patients et de leurs employés, les dentistes ont dû faire de nombreux aménagements.

En plus de se procurer les équipements de protection nécessaires, le Dr Rjeily indique qu’il a par exemple investi dans une laveuse-sécheuse pour que ses employés ne rentrent pas chez eux avec des vêtements contaminés.

Afin de respecter les directives du Ministère de la Santé, les dentistes ont aussi dû installer des filtres à Haute efficacité pour les particules aériennes (HEPA). Pour certains, l’installation de ces filtres a fait monter la facture à plus de 10 000$.

L’aide de Québec réclamée

Inquiète face à cette situation, l’Association de chirurgiens dentistes du Québec (ACDQ) tente depuis le début de la crise d’obtenir le soutien financier du gouvernement québécois, sans succès.

«Les dentistes n’ont reçu aucune aide financière ou matérielle pour se préparer à la réouverture. Plusieurs cliniques n’ont pas encore tout le matériel nécessaire à cause de la pénurie. On peut donc s’attendre à une ouverture à vitesse variable», déplore le Dr Carl Tremblay, président de l’ACDQ.

Selon lui, les dépenses importantes assumées par les dentistes pourraient d’ailleurs se répercuter sur les prix des traitements si rien le gouvernement ne les prend pas en charge au moins en partie. Cela pourrait à terme, rendre les soins dentaires encore moins accessible.

«Les dentistes ont dû assumer le coût de la mise à niveau et des équipements, mais ils vont aussi être moins rentables. Avec les protocoles en place, ils pourront traiter moins de patients chaque jour», explique le Dr Tremblay.

Pour compenser ses pertes et permettre aux dentistes de s’alimenter en matériel, l’ACDQ enverra dès cette semaine une nouvelle demande d’aide à Québec.

Au moment d’écrire ces lignes, le ministère de la Santé et des Services sociaux n’avait pas répondu à nos questions à ce sujet.

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