Montréal

Une famille endeuillée presse Montréal d’en faire plus pour la sécurité des piétons

piétons Nicolas Cronier

Nathalie Cronier, en compagnie d'un de ses fils, au moment de l'envolée de ballons en hommage à Roger Proulx, mardi après-midi. Le Montréalais a perdu la vie alors qu'il traversait une intersection de Centre-Sud à pied, le 28 juillet 2019.

Un an après le décès d’un Montréalais à une intersection du quartier Centre-Sud, sa famille presse la Ville d’en faire plus pour assurer la sécurité des piétons dans la métropole.

Le 28 juillet 2019, Roger Proulx perd la vie après avoir été happé par une voiture alors qu’il traversait à pied l’intersection des rues D’Iberville et Hochelaga. Un an plus tard, la douleur est toujours vive pour sa famille et ses proches, qui se sont réunis mardi après-midi à l’endroit même où l’accident a eu lieu.

«Ce sont 30 ans de bonheur avec cet homme-là, papa de deux enfants. Ce n’est pas évident», soupire la veuve du piéton décédé, Nathalie Cronier. À 15h15, soit l’heure exacte de la collision, elle laisse s’envoler quatre gros ballons où l’on peut lire des messages d’amour pour l’homme, mais aussi en hommage à tous les autres piétons qui ont perdu la vie l’an dernier.

Puis, sa nièce entonne «Un ange qui passe», d’Annie Villeneuve, alors que d’autres résidents du secteur se joignent aux proches et amis déjà présents sur un tronçon de la rue Hochelaga, où des policiers ont bloqué la circulation routière afin de permettre la tenue de l’événement.

«On veut seulement que ça change et que les automobilistes réalisent que les piétons sont des humains, et non pas des objets» -Nathalie Cronier, veuve de Roger Proulx

Sécurité des piétons

L’intersection en question fait actuellement l’objet de travaux municipaux. On peut notamment y apercevoir de nouvelles saillies de trottoir, qui permettent de réduire la largeur de la voie que doivent traverser les piétons. De nouveaux feux de circulation avec décompte numérique pour les piétons ont aussi été ajoutés à l’intersection. Les proches espèrent maintenant que la Ville réduira aussi la limite de circulation à 30 km/h sur cette rue.

«Ce serait très important parce que c’est vraiment une autoroute ici», constate la nièce du défunt, Mélissa Cronier.

Les proches de M. Proulx ont aussi tenu à presser la Ville de prendre des mesures afin d’augmenter la sécurité des autres intersections de la métropole. L’an dernier, 24 piétons ont perdu la vie lors de collisions avec des véhicules, dont de nombreuses personnes âgées, confirme à Métro le Service de police de la Ville de Montréal. Il s’agit ainsi du pire bilan depuis 2010 à cet égard.

«Pourquoi, encore en 2020, ça prend des morts pour que ça change à Montréal?», a questionné devant les citoyens rassemblés sur place Yves Chartrand, du groupe citoyen «Centre-Sud Debout». Celui-ci espère que la Ville n’attendra pas «d’autres décès» pour allonger le temps de traverse aux intersections de la métropole.

De longs travaux

En novembre 2019, la Ville a indiqué qu’elle se donnait de cinq à huit ans pour ajouter des «feux piétons avec décompte numérique» sur toutes ses intersections avec des feux de circulation et y augmenter le temps de traverse de quelques secondes. «Au lieu de prendre huit ans à faire les travaux, pourquoi [la Ville] ne fait pas ça plus rapidement?», lance Nathalie Cronier.

«On a eu une accélération des investissements, on a fait des embauches supplémentaires à la Ville […] Vraiment, on va le plus vite qu’on peut», assure à Métro le responsable de l’urbanisme et de la mobilité à la Ville, Éric Alan Caldwell, qui dit «comprendre les critiques de ceux qui voudraient que ça aille plus vite».

L’élu, qui a pris part à l’événement mardi, souligne d’ailleurs que des efforts à «tous les niveaux» seront nécessaires afin d’éviter que le bilan des décès de piétons à Montréal ne soit pas aussi sombre en 2020. Déjà, quelques piétons ont perdu la vie dans les dernières semaines à la suite de collisions à Montréal.

«Ça demande vraiment une mobilisation de tout le monde», indique l’élu, qui souligne l’importance de s’attaquer «aux comportements routiers». «On va y travailler», promet-il.

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