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Montréal multipliera les feux piétons et rallongera le temps de traverse

Valérie Plante
La mairesse de Montréal, Valérie Plante Photo: Josie Desmarais/Métro

Vivement préoccupée par le lourd bilan des décès de piétons, Montréal se donne de cinq à huit ans pour ajouter des «feux piétons avec décompte numérique» sur toutes ses intersections avec des feux de circulation. Ceux-ci seront aussi reprogrammés, alors qu’entre 4 à 6 secondes de temps de traverse y seront ajoutés.

L’exercice impliquera un investissement de 58,5 M$, soit 43% de plus qu’il était prévu au plus récent budget.

«La protection des usagers les plus vulnérables, particulièrement les piétons, ça doit être une obsession, a expliqué la mairesse Valérie Plante lundi. Ça doit devenir un réflexe de systématiquement penser aux plus vulnérables.»

Près de 2000 intersections seront analysées dans le processus. Des 2300 intersections avec feux de circulation sous la responsabilité de la Ville, seulement 315 d’entre elles seraient «protégées» à l’heure actuelle.

La congestion en cause

Si elle dit comprendre que pour plusieurs automobilistes, pareille orientation peut sembler aggravante pour la circulation et la congestion, Mme Plante assure que la tâche est «nécessaire». «J’ai besoin que la population comprenne le bien-fondé de mettre la sécurité en haut de la liste. Ça demande du temps, de changer les habitudes, de transformer les façons de voir la ville», a-t-elle reconnu.

Environ 250 intersections par année seront sécurisées, d’après le responsable de l’urbanisme et de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell. Aux endroits où il n’y a pas de feux de circulation, la situation commandera «d’autres solutions», soutient-il toutefois.

«Mettre des signaux d’arrêt ou mieux marquer la présence piétonne, par exemple, c’est une autre option. Chose certaine, de nouveaux feux de circulation, ça fait aussi partie de la stratégie et il y a des budgets pour ça.» -Éric Alan Caldwell, responsable de la mobilité

Reconnaissant que le geste «enlève un peu de place à l’automobile», il affirme toutefois que «cela viendra clarifier la place du piéton et de l’automobiliste».

Pas la seule solution, dit le SPVM

Appelé à réagir, le directeur des communications au Service police de la Ville de Montréal (SPVM), André Durocher, demeure réaliste. «C’est une bonne initiative […], mais il faut également comprendre que le comportement des usagers est important.»

Il soutient qu’encore «beaucoup d’éducation» doit être réalisée au niveau des traverses piétonnières. «Les gens ne les respectent pas. Il y a peut-être aussi de la confusion, si les lignes sont blanches ou jaune par exemple. L’éducation est la clé», lâche-t-il.

Sur les 19 piétons décédés cette année à Montréal, 15 d’entre eux avaient 65 ans et plus, d’après les données du corps policier. «C’est très préoccupant. Ça prend un cocktail de sécurité routière. C’est une mesure, et non pas la mesure», a aussi envisagé M. Durocher.

Le son de cloche est relativement le même pour le médecin spécialiste à la Direction régionale de santé publique de Montréal, Patrick Morency.

«Le fait d’ajouter quatre secondes, c’est vraiment énorme, avance-t-il. Mais ce n’est pas seulement du temps. Éventuellement, il va falloir donner de l’espace aussi aux piétons, peut-être des terre-pleins. Ce n’est pas la fin du projet, mais le changement de paradigme est très intéressant.»

L’opposition le veut en deux ans

Le chef de l’opposition, Lionel Perez, a fustigé l’administration Plante pour son manque de planification dans ce dossier, appelant l’administration à faire beaucoup plus rapidement. «Ce n’est pas en faisant ça sur huit ans qu’il faut agir, dénonce-t-il. C’est fait à l’improviste.»

«C’est un non-sens, une insulte aux Montréalais et à toutes les victimes des accidents de la route.» -Lionel Perez, chef de l’opposition

M. Perez appelle la Ville à appliquer ces mesures dans un délai de deux ans maximum. «C’est ça, être obsédés par la sécurité des piétons», illustre M. Perez.

Son parti, Ensemble Montréal, déplore que Projet Montréal n’ait quasiment «rien fait pour la sécurité des piétons» depuis 2017.

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