Le nombre de passagers à Aéroports de Montréal (ADM) a drastiquement diminué de 96,9% au courant du dernier trimestre qui a été marqué par la pandémie, indiquent les résultats financiers de l’organisation diffusés mardi matin.
Ils ont été seulement 156 000 à monter dans une embarcation de avril à juin. «Cette baisse est directement reliée à la crise sanitaire internationale associée à la COVID-19 et son effet a des impacts sur tous les secteurs», a-t-on mentionné par voie de communiqué.
La corporation privée sans but lucratif a enregistré des pertes de 26 M$ en ce qui concerne ses bénéfices avant notamment impôts, charges financières et amortissements (BAIIA). À titre comparatif, ADM avait encaissé 85,4 M$ en 2019.
«Les résultats obtenus pour ce deuxième trimestre témoignent des effets dévastateurs de la pandémie sur la santé financière de notre organisation et auront un impact certain sur la capacité d’ADM à livrer certains projets sur notre site aéroportuaire, qui sont essentiels pour le bien de la communauté», fait savoir le président-directeur général, Philippe Rainville.
Le peu d’achalandage a notamment compliqué l’avancée de travaux d’aménagement de la future station du Réseau express métropolitain (REM) YUL-Aéroport-Montréal-Trudeau.
«Le maintien de la fermeture des frontières avec les États-Unis et l’international, ainsi que l’absence d’un vaccin pour contrer les effets de la COVID-19 continueront d’affecter négativement le trafic de passagers, les activités des transporteurs et les résultats financiers d’ADM», ajoute la corporation.
Avenir
La période actuelle est une occasion pour les gouvernements et le milieu de l’aviation de diversifier son offre en transport, croit le chargé de cours en planification des transports de l’UQAM, Pierre Barrieau.
Durant les années 1980, le gouvernement de Brian Mulroney a procédé à la privatisation d’Air Canada, ce qui a mené à la création d‘OBNL tels qu’ADM. «[Ils] ont comme seule opération et source de revenus les aéroports. Ça les met beaucoup plus à risque par rapport aux événements cycliques de l’économie de l’industrie», explique M. Barrieau.
Une tendance gagne d’ailleurs en popularité en Europe, alors que des vols sont redirigés vers les trains pour limiter la pollution de l’environnement. C’est le cas en France où les vols à l’intérieur du pays sont interdits.
Pour avoir de nouvelles sources de revenus, ADM pourrait exploiter davantage l’industrie ferroviaire, selon Pierre Barrieau. «Si tu fais ça, soudainement, tu viens de diminuer significativement l’empreinte de bruit de l’aéroport de Montréal», ajoute le chargé de cours.
Les voyages impliquant moins de passagers seraient annulés pour privilégier ceux qui en comptent plus.
Montréal-Trudeau a été désigné comme l’un des quatre aéroports au pays pouvant recevoir des vols de l’international durant la pandémie.