L’administration de Valérie Plante promet de mettre en place une série de mesures afin d’atteindre sa cible ambitieuse de réduction du nombre de déchets envoyés à l’enfouissement, mais écarte l’imposition de «taxes vertes» aux Montréalais, pour l’instant.
«On voulait revenir à l’essentiel, qui est la réduction [des déchets] à la source», a déclaré mercredi en conférence de presse au centre-ville la responsable de la transition écologique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Laurence Lavigne Lalonde. Cette dernière a alors présenté les grandes lignes du Plan de gestion des matières résiduelles 2020-2025 de la Ville, quelques heures après son adoption en séance du comité exécutif.
En 2018, la Ville a revalorisé moins de la moitié des matières résiduelles, ce qui implique que des quantités considérables de matières recyclables et compostables finissent chaque année dans des sites d’enfouissement. Par le biais de ce plan, la Ville souhaite ainsi faire grimper à 70% le taux de matières résiduelles revalorisées d’ici 2025. Un pourcentage qui devrait atteindre 85% en 2030.
Afin d’atteindre cette cible, la Ville entend notamment miser sur des campagnes de sensibilisation auprès de la population et des élèves dans les écoles. Elle a d’ailleurs prévu investir 445 000$ par année dans des «activités de communication», et ce, jusqu’en 2025.
Pas de «taxes vertes»
Si ce plan prévoit l’application de la vaste majorité de la cinquantaine de recommandations émises en mai dernier par la Commission sur l’environnement de la Ville au terme d’une vaste consultation publique, il comprend toutefois certaines nuances. Ainsi, la Ville prévoit «analyser», au cours des cinq prochaines années, la possibilité de mettre en place des mesures écofiscales, comme la tarification des déchets. Or, la commission demandait à la Ville d’inscrire comme «prioritaire» la mise en application de telles taxes vertes d’ici 2025.
«Ce qu’on dit, c’est qu’on va travailler sur l’écofiscalité pour trouver quelque chose qui va fonctionner […] Mais ce ne sera pas fait d’ici 2025, ça c’est certain. On ne pourra pas trouver quelque chose d’efficace et de juste d’ici ce temps-là», a fait valoir Mme Lavigne Lalonde.
Une situation qui déçoit le directeur général par intérim du Conseil régional de l’environnement de Montréal, Emmanuel Rondia.
«Ça pourrait être une façon d’assurer un financement de toutes ces initiatives, au-delà du financement provincial ou autre», a-t-il souligné, alors que la Ville se trouve dans une situation financière précaire liée à la crise du coronavirus. L’administration Plante devra d’ailleurs dépenser plusieurs millions de dollars pour concrétiser ce plan.
«La transition écologique est vraiment quelque chose où on a décidé qu’on ne ferait pas de compromis.» -Laurence Lavigne Lalonde, responsable de transition écologique au comité exécutif
Collecte des matières organiques
L’administration Plante promet aussi d’élargir la collecte des matières organiques dans l’ensemble des immeubles de neuf logements et plus d’ici 2025. En mars dernier, la Ville indiquait déjà travailler à concrétiser ce projet, qui implique des aménagements dans les immeubles existants et ceux actuellement en construction.
«On a commencé les projets pilotes cette année, mais on a ralenti en raison de la pandémie […] Mais on va continuer dans la prochaine année», a assuré le responsable de l’environnement à la Ville, Jean-François Parenteau. Actuellement, un demi-million de ménages à Montréal ont accès à un service de compostage, a-t-il précisé.
Ce dernier a d’ailleurs constaté une hausse de la quantité de matières compostées collectées auprès des ménages montréalais pendant la première vague du coronavirus. Une situation qu’il a associée au confinement, qui a incité plus de citoyens à cuisiner à la maison.
La croissance des matières organiques produites par les citoyens devrait d’ailleurs se poursuivre dans les prochaines années, si les cibles de ce plan sont atteintes. La Ville entend donc demander, dans ses contrats de collecte, de transport et d’élimination des déchets que les fournisseurs acceptent d’avoir la flexibilité nécessaire pour adapter leur offre à la demande. D’autre part, les compagnies soumissionnaires devront disposer d’un plan de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
«C’est un message clair qu’on envoie pour la suite des choses», estime M. Parenteau. Ces deux mesures ont d’ailleurs été incluses dans 19 contrats de gestion des matières résiduelles adoptées mercredi matin en séance du comité exécutif.