Alors que le démantèlement du campement de la rue Notre-Dame Est approche à grands pas, la Ville entend miser sur un nouveau refuge de 65 lits qui verra le jour d’ici la fin août dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, a appris Métro.
Depuis plusieurs semaines, un campement de fortune prend de l’ampleur près de la rue Notre-Dame Est, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Plusieurs personnes en situation d’itinérance y ont érigé des tentes et certaines commodités artisanales. La Croix-Rouge et d’autres organismes distribuent régulièrement des denrées alimentaires sur ce site, situé à proximité du Square Dézéry.
Un accueil «presque inconditionnel»
Ce campement est toutefois en voie de disparaître. Plusieurs organismes qui oeuvrent auprès des personnes en situation d’itinérance à Montréal ont confirmé à Métro que le démantèlement de celui-ci aura lieu le 31 août. Des intervenants du CAP St-Barnabé se rendent d’ailleurs sur place régulièrement pour prévenir à cet effet les nombreux locataires improvisés de ce que plusieurs surnomment le «camping Notre-Dame». Ils leur proposent alors de réserver une place dans un nouveau refuge qui verra le jour le 31 août dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Celui-ci fera l’objet d’une annonce officielle jeudi prochain. Métro a toutefois appris qu’il comptera 65 lits accessibles sept jours sur sept et comptera une section réservée aux femmes. Ce refuge temporaire, qui devrait fermer ses portes le 31 mars 2021, sera chapeauté par le CAP St-Barnabé et CARE Montréal, deux organismes du quartier Hochelaga-Maisonneuve.
«Ce qu’on veut, c’est d’avoir un accueil presque inconditionnel. On veut avoir un haut seuil d’accessibilité», confie à Métro la directrice générale du CAP St-Barnabé, Isabelle Piché. Le centre offrira d’ailleurs de la nourriture et des services d’accompagnement, notamment pour les personnes ayant des problèmes de toxicomanie ou qui sont à la recherche d’un logement.
Un refuge temporaire
Mme Piché ne cache toutefois pas sa déception quant au fait que ce centre, mis en place en quatrième vitesse, ne représentera qu’une solution temporaire. «L’idéal, ce serait que ça devienne un refuge permanent», affirme-t-elle.
«On ne peut pas être contre la venue d’un nouveau refuge dans le secteur. Mais encore là, on parle d’un refuge qui est temporaire alors que les besoins sont continus dans le secteur», soulève également à Métro la directrice générale de L’Anonyme, un autre organisme du secteur, Sylvie Boivin.
Mme Boivin, qui s’oppose au démantèlement du campement de la rue Notre-Dame, prévient d’ailleurs que certaines personnes qui s’y trouvent pourraient refuser de se rendre dans ce refuge.
«Il y a des personnes qui, par choix, vont décider de ne pas y aller.» -Sylvie Boivin, directrice générale de L’Anonyme
Le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, réitère toutefois que le campement de la rue Notre-Dame ne peut représenter «une solution permanente».
«Nous travaillons présentement avec les organismes sur le terrain pour accompagner les personnes en situation d’itinérance vers les ressources appropriées. C’est notre priorité», a indiqué son attachée de presse, Geneviève Jutras.
Des critères trop restrictifs à Royal Victoria
Au cours des dernières semaines, plusieurs refuges temporaires qui avaient vu le jour pendant la première vague du coronavirus – notamment dans des centres sportifs et des hôtels de la métropole – ont retrouvé leur vocation initiale dans le contexte du déconfinement.
Pour pallier les répercussions de cette décision sur les personnes en situation d’itinérance, la Ville et la Santé publique ont aménagé un lieu d’hébergement mixte dans l’ancien hôpital Royal Victoria. Les personnes qui souhaitent pouvoir bénéficier de ses services doivent toutefois répondre à des critères bien précis. Le site refuse ainsi les personnes qui ont des problèmes de toxicomanie qui ne sont pas «sous contrôle», qui ne sont pas éligibles à un logement social et ne s’engagent pas à réaliser des «démarches actives» dans la recherche d’un logement, indique une fiche de référencement pour ce site.
«C’est évident que ce ne sont pas toutes les personnes qui peuvent être admises au Royal Victoria avec les critères actuels», déplore la directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, Annie Savage, qui qualifie ce service de «très peu inclusif».