Plusieurs questions demeurent en suspens sur les moyens qu’entend prendre la ville de Montréal pour équilibrer ses finances, alors que ses dépenses continuent d’augmenter dans différents secteurs.
À de nombreuses reprises depuis lundi et mardi, les élus de l’opposition officielle ont interpellé l’administration de Valérie Plante sur les mesures qu’elle entend prendre pour redresser ses finances en prévision du dépôt de son budget 2021, en novembre. La semaine dernière, le gouvernement Legault a écarté la possibilité de permettre aux villes de présenter un budget déficitaire.
Mise à jour demandée
Selon une présentation faite par l’administration Plante en avril, cette crise sanitaire pourrait faire perdre entre 93 et 281,3 M$ en revenus à la Ville. Une estimation qui grimpe à plus d’un demi-milliard en prenant en considération les répercussions de la pandémie sur la chute de l’achalandage du transport en commun. Or, depuis, la Ville n’a pas présenté une mise à jour sur sa situation financière.
«On ignore toujours exactement à combien se chiffre ce fameux manque à gagner par la Ville de Montréal», a déploré lundi le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. Ce dernier a ainsi montré du doigt le «manque de transparence» de l’administration Plante.
Des chiffres «prochainement»
Celle-ci viendra «prochainement», a indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors de la reprise de la séance du conseil municipal, mardi matin. L’élue a indiqué que tant que l’état d’urgence est en cours, «c’est très difficile» pour la Ville d’avoir «toutes les informations» dont elle a besoin pour faire des estimations fiables à cet égard. L’état d’urgence de la métropole, sans cesse renouvelé dans les dernières semaines, devrait toutefois cesser «bientôt», entrevoit la mairesse.
«Et on va alors être en mesure de mettre tous les chiffres, en ayant également une meilleure idée de l’aide fédérale et de certains montants qui vont venir également du provincial», a ajouté Mme Plante. Québec a d’ailleurs promis la semaine dernière qu’il aidera financièrement Montréal, sans préciser un montant.
En avril, la Ville a présenté un plan financier qui vise à lui faire économiser 123,4 M$. Celui-ci a notamment entraîné une diminution de 3,1% des budgets réservés aux services corporatifs et aux arrondissements.
L’administration a toutefois, en parallèle, continué à investir des sommes importantes pour réaliser divers projets, comme l’aménagement du Réseau express vélo et la rénovation de la station de pompage McTavish, qui a fait l’objet mardi d’un emprunt de 250,8 M$. Elle a aussi présenté un plan de redressement économique de 22 M$ en juin.
«Ce que je demande, c’est que Montréal ait les mécanismes nécessaires afin de pouvoir ramener l’économie de Montréal à ce qu’elle était avant la pandémie.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Compressions dans la police
Malgré l’aide attendue de Québec et d’Ottawa, la Ville pourrait avoir à effectuer des compressions dans certains services pour redresser ses finances, incluant la police de Montréal. «Je crois qu’il faut être ouvert aux suggestions», a déclaré la mairesse à cet égard.
Lundi, la Fraternité des policiers et policières de Montréal a déposé un mémoire pour prévenir la Ville que des compressions dans le budget de la police de Montréal pourraient entraîner une augmentation de la criminalité dans la métropole.
Gestion des déchets
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain presse pour sa part la Ville de miser sur la mise en place de mesures écofiscales afin de redresser ses finances. Il pourrait par exemple s’agir d’un système de tarification des déchets ou de l’eau.
L’administration Plante ne prévoit toutefois pas concrétiser une telle mesure avant 2025, préférant d’abord «analyser» cette possibilité dans le cadre d’un plan directeur présenté la semaine dernière. Or, pendant ce temps, elle continue de dépenser des sommes colossales pour gérer ses matières résiduelles. La pandémie a d’ailleurs augmenté la quantité de matières compostables et recyclables générée par les Montréalais dans les derniers mois, a indiqué mardi le responsable de l’environnement à la Ville, Jean-François Parenteau.
«Ce sont des centaines de millions de dollars en infrastructures qui devront être dépensés [pour gérer les matières résiduelles] et pour l’instant, Ville ne prévoit pas de mesures écofiscales», constate le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, Francesco Miele. Ce dernier craint ainsi que la Ville manque de fonds pour atteindre sa cible audacieuse visant à réduire de 85% le nombre de déchets enfouis d’ici 2030.
«On va étudier l’écofiscalité. On croit que c’est une avenue vraiment importante pour Montréal […] Mais on pense que c’est illusoire de penser qu’on pourra mettre en place d’ici 2025 quelque chose de viable et dont le processus sera simple à comprendre par les citoyens», a répliqué la responsable de la transition écologique à la Ville, Laurence Lavigne Lalonde.
La séance du conseil municipal se poursuit mardi après-midi en vidéoconférence.