Deux policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SVPM) ont été suspendus pour une période de 13 jours pour une arrestation illégale liée au profilage racial. Une sanction accueillie avec une certaine déception pour l’homme arrêté.
Les sanctions de profilage racial envers ces policiers ont été annoncées dans un climat tendu au moment où des manifestants demandent le définancement du SPVM et que la statue de John A. MacDonald a été déboulonnée.
Le Comité de déontologie policière du SPVM a rendu son jugement le 27 août dernier concernant l’arrestation de Kenrick McRae, un homme noir dans le quartier de Notre-Dame-de-Grâce, en mars 2017.
Les deux policiers ont enfreint à 16 reprises le Code de déontologie des policiers lors de son arrestation dont arrestation illégale, usage illégal de la force, rapport d’incident complémentaire mensonger et intervention se fondant sur la race.
Les agents Christian Benoît et Philippe Bernard-Thomassin ont donc reçu une suspension de 13 jours de suspension effective sans solde, dont cinq jours liés au motif de profilage racial.
Des sanctions peu sévères
Kenrick McRae indique dans un communiqué qu’il s’attendait à «des sanctions beaucoup plus sévères».
«D’un côté, je suis satisfait de la reconnaissance de 16 violations du Code de déontologie, mais, d’un autre côté, je trouve trop indulgente la suspension de 5 jours pour le profilage racial et je ne crois pas que cela envoie un message fort aux trop nombreux policiers qui pratiquent trop souvent le profilage racial», dit-il.
«On est contents qu’il y ait une conclusion aux infractions au Code de déontologie policière», dit Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), à Métro.
Il note tout de même une «certaine déception par rapport au nombre de jours de suspension sans solde qui ont été imposés aux policiers».
«Depuis 10 ans, c’est toujours une suspension de cinq jours [pour le profilage racial] alors que le problème s’intensifie et augmente au Québec.» – Fo Niemi, directeur général du CRARR
«Il est temps que la loi soit changée et qu’il y ait des sanctions un peu plus sévères», dit-il.
Pour Kenrick McRae, qui était policier dans son pays d’origine selon M. Niemi, «le fait de se faire arrêter et menotter de manière injusitifée est un choc qu’il n’accepte pas encore», souligne le directeur général du CRARR.
Selon Alain Babineau, ancien membre de la GRC et conseiller au CRARR, cette décision confirme «que les citoyens ont le droit de filmer les interventions policières et que les policiers n’ont pas le droit de saisir les caméras des citoyens, de fouiller et d’effacer l’enregistrement de ces interventions».
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, de son coté, a aussi saisi le Tribunal des droits de la personne d’une plainte de monsieur McRae contre les deux policiers, le superviseur et la Ville de Montréal, selon le CRARR.
«Remédier» au profilage racial
Le SPVM avait dévoilé en juillet dernier sa très attendue politique sur les interpellations policières. L’essence de la politique est d’établir des balises pour prévenir toute interpellation «sans fondement ou aléatoire».
Cette politique devrait entrer en vigueur l’automne prochain, le temps d’en présenter les grandes lignes au personnel. Aucune sanction n’est toutefois prévue pour les policiers qui ne respecteraient pas la politique.