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Montréal pressée de réitérer le droit des citoyens de filmer les policiers

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Des policiers du SPVM. Photo: Josie Desmarais/Métro

Des élus et des organismes demandent à la Ville de Montréal de réitérer le droit des citoyens de prendre des photos et des vidéos de policiers sur la voie publique à la suite d’incidents impliquant des minorités visibles victimes de brutalité policière.

Au Canada comme aux États-Unis, les citoyens ont le droit de filmer ou de prendre des photos d’un policier sur la voie publique, à condition de ne pas entraver son travail ou de l’intimider. Or, des policiers sont intervenus auprès de citoyens à plusieurs reprises dans les dernières années pour leur demander de supprimer de tels enregistrements. Cela a notamment été le cas la semaine dernière, à Montréal-Nord, alors qu’un jeune de 13 ans a été arrêté brutalement et accusé d’entrave au travail des policiers parce qu’il filmait une intervention musclée de la part d’agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«Dans les récentes manifestations du mouvement Black Lives Matter, nous avons vu des manifestants se faire confisquer leur téléphone cellulaire ou être forcés de supprimer des vidéos. Nous ne voulons pas que cela survienne de nouveau»,soulève d’autre part Yvonne Sam, du Centre de ressources de la communauté noire, un organisme basé dans le quartier Côte-des-Neiges.

«C’est une violation de nos droits civils.» -Yvonne Sam, du Centre de ressources de la communauté noire

Motion

Mme Sam fait partie des 29 groupes communautaires qui appuient deux motions du conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, qui feront l’objet d’une présentation pendant la prochaine séance du conseil municipal, lundi prochain. Un de ces documents demande à la Ville de confirmer le droit des citoyens de filmer les activités des agents du SPVM et de conserver ces enregistrements. La motion réclame par ailleurs que le conseil municipal s’assure que les policiers cessent de «menacer», d’arrêter ou de saisir les appareils électroniques des personnes qui enregistrent leurs activités. 

«Filmer est légal tant qu’on n’entrave pas le travail des policiers. C’est un droit qu’on doit conserver surtout dans la foulée de différents événements récents», estime également le conseiller d’opposition dans Montréal-Nord et vice-président de la Commission de la sécurité publique de la Ville, Abdelhaq Sari, qui appuie aussi cette motion.

Profilage racial

Alors que la Ville de Montréal tarde à imposer le port de caméras portatives par ses policiers, M. Sari estime que le droit de filmer les opérations policières est primordial pour prévenir le profilage racial. Selon un rapport d’experts publié en octobre dernier, une personne noire ou autochtone a environ quatre à cinq fois plus de chances de faire l’objet d’une interpellation policière du SPVM qu’une personne blanche. 

Les élus du conseil municipal devront aussi se pencher sur une autre motion de Marvin Rotrand. Celle-ci demande à la Ville d’imiter New York et d’encadrer l’utilisation de technologies de surveillance, comme la reconnaissance faciale, par le SPVM. Un flou demeure actuellement à savoir si le SPVM entend ou non utiliser cette technologie pour faciliter ses enquêtes. Or, plusieurs études réalisées dans les dernières années montrent que les technologies de reconnaissance faciale font plus d’erreurs pour traiter les images des personnes à la peau noire que celles à la peau blanche.

«Je ne veux pas que mes enfants soient victimes de profilage racial. Pour cela, nous devons agir maintenant», laisse tomber à Métro le vice-président de l’Association philippine de Montréal et des faubourgs, Ramon Vicente.

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