Avec le livre Réinventer le taxi: les dessous de l’échec de Téo Taxi, Alexandre Taillefer, fondateur de Téo, et Jean-François Ouellet, professeur à HEC Montréal livrent un ouvrage «testament» sur l’aventure Téo Taxi.
«Je pense qu’il y a beaucoup d’informations qui ont circulé par rapport à Téo, c’était important de mettre en perspective toutes les variables qui ont été importantes dans cet échec», note Alexandre Taillefer.
Mais l’idée d’un livre n’était pas dans ses tiroirs après la fin de Téo en 2019.
C’est à la suite de conversations avec Jean-François Ouellet, pour faire de Téo un cas universitaire que l’idée d’un ouvrage est peu à peu venu sur la table.
«C’est rare qu’on ait accès à des échecs, surtout de l’intérieur», note M. Ouellet. La plupart des gens aiment bien parler de leurs succès, mais ils parlent rarement des échecs sauf qu’on apprend beaucoup plus des échecs».
Une autopsie des échecs de Téo Taxi
Pour comprendre l’échec de Téo Taxi, il a fallu faire une autopsie de l’entreprise et pointer les erreurs commises. Mais M. Taillefer plaide que ce livre n’est pas un «règlement de compte».
«Je ne pointe pas les autres du doigt, je suis responsable de cet échec et je ne m’en cache pas. Et le livre ne sert pas à essayer de nettoyer ma crédibilité.» – Alexandre Taillefer, fondateur de Téo Taxi
Les quelque 200 pages du livre dressent un portrait «très transparente et très lucide [sur] les différents facteurs qui ont mené à l’échec de ce projet», indique M. Taillefer à Métro.
L’entrepreneur reconnaît entre autres être allé trop fort, trop vite.
«On aurait pu le faire par étapes, tester […] et on serait encore en affaires aujourd’hui», note-t-il.
Outre les erreurs commises qui ont déjà été relayés dans les médias, le livre révèle que des pourparlers étaient en cours avec l’entreprise Renault-Nissan-Mitsubishi pour «un investissement de 30 M$ dans Téo Taxi en échange d’une participation minoritaire dans l’entreprise».
L’arrestation de son PDG Carlos Ghosn au Japon en novembre pour «crimes financiers» arrête les discussions et le projet tombe à l’eau.
Téo Taxi mettra fin à ses activités peu de temps après, en janvier 2019.
Un livre testament
Si le livre tend à mettre le doigt sur les différentes erreurs qui ont entrainé la fin de Téo, les deux auteurs apportent également «des pistes de solution qui ont été élaborées et qui peuvent aujourd’hui être implantées au Québec».
«On se rapporte à un moment précis dans l’histoire, mais les leçons qui ont été tirées de [Téo] vont être valide dans plein d’autres industries, dans plein d’autres secteurs», soulève Alexandre Taillefer.
«Cette histoire-là mérite d’être partagée, car il y a vraiment de bons apprentissages qui peuvent être bons pour un boucher ou pour un Bombardier.» – Alexandre Taillefer, fondateur de Téo Taxi
Téo 2.0
L’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau a mis la main sur les actifs de l’entreprise après la faillite de Téo Taxi.
Ce dernier a publié mardi sur son compte Instagram deux photographies où il est assis sur le toit d’un véhicule aux couleurs de Téo Taxi. «Devinez qui s’en vient bientôt ?» est-il écrit dans la légende accompagnant deux photos.
Le président et chef de la direction de Quebecor avait déjà annoncé fin 2019 qu’une nouvelle mouture de Téo Taxi verrait le jour en 2020.
Questionné sur l’avenir de l’entreprise qu’il a fondé, M. Taillefer indique espérer «voir, et cela n’arrivera probablement pas, c’est de s’attaquer de façon durable aux conditions d’emploi des chauffeurs». «On a un enjeu de société là», ajoute-t-il.