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Fermeture de Téo Taxi: une réglementation «trop lourde» pointée du doigt

Photo: Mario Beauregard/Métro

La direction de Taxelco a blâmé mardi le cadre réglementaire «très restrictif» entourant l’industrie du taxi pour justifier la débâcle financière qui a entraîné la fermeture de Téo Taxi, tandis que le syndicat représentant les chauffeurs licenciés de l’entreprise a déploré un «manque de dialogue» avec l’employeur.

En conférence de presse, le président-directeur général par intérim de Taxelco, Dominic Bécotte, a fait part de sa «grande tristesse» quant à la suspension des activités de l’entreprise Téo Taxi, qui n’a jamais réussi à atteindre la rentabilité depuis son lancement en 2015 par l’homme d’affaires Alexandre Taillefer.

«Malgré une hausse de notre revenu horaire de plus de 20% au cours de la dernière année, Téo Taxi, aujourd’hui, n’est pas encore rentable et, surtout, n’a plus le support nécessaire pour continuer ses activités», a déclaré M. Bécotte, qui a précisé que les entreprises Taxi Diamond et Taxi Hochelaga, également chapeautées par Taxelco, ne seront pas affectées par cette fermeture.

Quelque 450 chauffeurs de l’entreprise de taxis électriques ont appris qu’ils étaient licenciés en se rendant à leur lieu de travail, situé sur la rue Saint-Patrick à Montréal.

«C’était le moyen le plus efficace de les informer. Il n’y a pas de moyens faciles de faire cette annonce et nous voulions la faire en personne avec les employés», a justifié M. Bécotte, qui n’a toutefois pu s’avancer sur l’indemnité financière qui pourrait être remise aux travailleurs licenciés, qui bénéficiaient d’un salaire horaire de 15$.

Le porte-parole du syndicat des Teamsters, qui représente les chauffeurs de l’entreprise, croit que cette fermeture aurait pu être évitée.

«On aurait voulu s’asseoir il y a deux ou trois mois avec la direction de Téo Taxi pour qu’on se parle franchement […] Peut-être qu’on aurait pu mettre de la pression sur le gouvernement pour qu’il change le cadre réglementaire dans l’industrie du taxi. Mais ça ne s’est pas fait», a dit Stéphane Lacroix, qui déplore «un manque de dialogue» entre le syndicat et la direction de Taxelco.

L’entreprise, qui possède 220 véhicules électriques, a connu une croissance constante de sa flotte de voitures et de son personnel dans les dernières années qui a été rendue possible grâce à des investissements publics répétés de plusieurs M$.

«Je pense que les actionnaires vont tout perdre», a d’ailleurs déclaré à l’Assemblée nationale le premier ministre du Québec, François Legault.

Cadre réglementaire
Si Téo Taxi, qui comptait quelque 300 000 clients, n’a pas été mesure de survivre financièrement, c’est en raison de la «réglementation trop lourde» qui interdit la modulation des tarifs chargés aux passagers des taxis conventionnels en fonction de l’offre et de la demande, ce que fait pourtant la multinationale Uber.

«Je crois qu’Uber a joué un rôle indirect [dans la fermeture de Téo Taxi]. Si Uber peut changer ses tarifs en fonction de la demande alors que l’industrie du taxi ne le peut pas, c’est une problématique majeure», a soulevé le PDG de Taxelco.

Un problème d’«iniquité» que déplore également le porte-parole de Taxis du Grand Montréal, qui représente 5000 chauffeurs de taxis à Montréal et sur la Rive-Sud, Michel Aboujaoudé.

«On espère que le nouveau ministre des Transports va faire des changements majeurs dans la réglementation. On veut la même réglementation pour tout le monde», a-t-il insisté en entrevue à Métro.

Le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, entend déposer cette année une loi pour avoir un encadrement plus uniforme des différents acteurs de l’industrie du taxi.

«Le ministre des Transports est conscient des défis que doit relever l’industrie du transport rémunéré de personnes et compte poursuivre sa modernisation, notamment avec la réglementation», a indiqué par courriel son attachée de presse, Sarah Bigras.

Alexandre Taillefer, qui a démissionné de son poste de président du conseil d’administration de Taxelco à la fin du printemps dernier pour devenir président de la campagne électorale du Parti libéral du Québec, n’a pas répondu aux appels de Métro lundi.

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