Le projet de transformation de l’ancien hippodrome Blue Bonnets et de ses environs en un quartier écologique qui accueillera des milliers de résidents se déplaçant principalement en transport en commun ou transport actif devra faire l’objet de plusieurs études avant d’avoir de réelles chances de «réussite».
C’est du moins ce que constate l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans un rapport de plus de 130 pages publié aujourd’hui. Celui-ci fait suite à une vaste consultation menée jusqu’en février à laquelle ont pris part des centaines de citoyens préoccupés par l’avenir du secteur Namur-Hippodrome, situé à proximité de la station de métro Namur, de l’autoroute Décarie et de la ville de Côte-Saint-Luc.
Un projet complexe
En octobre 2019, l’administration de Valérie Plante a présenté sa vision pour le site de l’ancien hippodrome, qu’elle souhaite transformer en un quartier «carboneutre». Celui-ci accueillerait environ 6 000 logements et sa configuration viserait à prioriser les déplacements en transport en commun, de même qu’à pied et à vélo.
Un défi de taille, alors que ce site est situé dans un secteur très congestionné, notamment par l’autoroute Décarie et les autres artères routières enclavant le secteur.
Ce dernier est aussi très pollué en raison des industries à proximité. Il s’agit par ailleurs d’un secteur marqué par la «quasi-absence d’espaces verts», mais aussi d’écoles, d’équipements sportifs et culturels, de même que de centres de soins de santé, entre autres.
Dans un tel contexte, plusieurs participants à cette consultation ont questionné «le réalisme» du projet, peut-on lire.
«Une préoccupation partagée par la commission, qui estime qu’il manque encore beaucoup de données pour évaluer les chances de réussite d’un tel projet.» -Extrait du rapport de l’OCPM
Plusieurs études
L’OCPM presse donc la Ville de réaliser plusieurs études afin de peaufiner ce projet, question de le rendre réalisable. L’administration devrait notamment analyser les différentes sources de pollution dans le secteur et en publier les résultats, indique une des 41 recommandations du rapport. Une fois ces résultats publiés, la Ville devrait publier les correctifs qu’elle entend apporter «ainsi que leurs résultats tout au long de l’évolution du projet», notamment en matière de réduction des gaz à effet de serre, indique-t-on.
L’organisme propose en outre à la Ville de planifier l’arrivée de commerces et de services de proximité dans le secteur. Le tout afin de «connaître dès le départ les superficies requises pour desservir la population estimée de résidents et de travailleurs du secteur».
L’administration Plante pourrait aussi aménager un complexe communautaire «dès la première phase de développement du quartier». Celui-ci permettrait de répondre aux besoins des résidents «à court terme», en attendant que se développe complètement le site. Ce complexe pourrait par exemple accueillir des locaux réservés à une école primaire, des centres communautaires et des garderies, propose le document.
En matière de transport collectif, l’OCPM réclame la mise à jour du plan de transport de la Ville. Élaboré en 2008, celui-ci proposait notamment «l’implantation d’une desserte de tramway jusqu’à la station de métro Namur».
«S’il voyait le jour, un tel projet n’aurait qu’à longer la rue Jean-Talon Ouest jusqu’à Namur pour desservir les quartiers Namur-Hippodrome et Le Triangle», indique le document.
De façon plus générale, de nombreux projets de transport en commun devront voir le jour afin de «réduire de façon significative la congestion routière endémique qui affecte le secteur Namur-De la Savane». D’autant plus que l’arrivée de ce nouveau quartier pourrait augmenter de 200 000 le nombre de déplacements quotidiens effectués dans le secteur.
Logements sociaux
En ce qui a trait à l’inclusion de logements sociaux et abordables, plusieurs organismes ont milité dans les derniers mois pour réclamer la présence d’au moins 2 500 logements sociaux sur le site.
L’OCPM, pour sa part, n’a pas voulu s’avancer sur un nombre précis. Elle demande toutefois à la Ville de dépasser les cibles prévues à son règlement pour une métropole mixte. Ce dernier prévoit obliger les promoteurs immobiliers, dès l’an prochain, à inclure 20% de logements sociaux et tout autant de logements abordables et familiaux dans leurs projets. Les promoteurs peuvent toutefois contourner l’application de ces exigences en accordant des sommes ou des terrains à la Ville.
«Afin de prévenir l’écogentrification, la commission retient la nécessité d’une offre de logements abordables pérenne», souligne le rapport. L’organisme presse donc la Ville de réserver les terrains voués à l’arrivée de ces logements sociaux «dès la première phase du projet».
La Ville ne devrait toutefois pas miser uniquement sur des logements sociaux ou abordables, estime l’OCPM. Une mixité de logements est nécessaire, selon l’organisme, afin d’«assurer la vitalité économique d’un quartier ainsi que l’accès à des services de meilleure qualité».
L’administration municipale devrait réagir jeudi à ce rapport.