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Hippodrome: des organismes craignent une insuffisance de logement social

Namur
Le secteur Namur, où était situé l'hippodrome de Montréal. Photo: Josie Desmarais/Métro

Plusieurs résidents de Côte-des-Neiges seront «déçus» et laissés à eux-mêmes si l’administration Plante ne s’engage pas à développer au moins 2500 unités de logement social sur le site de l’ancien hippodrome Blue Bonnets de Montréal. C’est le message qu’envoie le milieu communautaire, au lendemain du lancement d’une consultation publique sur le sujet.

«Un terrain public devrait, par définition, répondre avant tout aux besoins des citoyens, notamment ceux des plus démunis et des familles», martèle l’organisateur communautaire au Projet Genèse, Youssef Benzouine.

La Ville de Montréal refuse de s’engager sur des chiffres précis en la matière, soulignant entre autres qu’il est «trop tôt» pour le faire à ce stade-ci.

«On peut très bien avoir un développement complet sans empêcher le développement de logements sociaux. C’est plus qu’une nécessité. Seulement dans Côte-des-Neiges, il y a 4200 ménages qui consacrent plus de 80% de leurs revenus au loyer. C’est énorme. Il ne leur reste pratiquement rien pour vivre», ajoute le responsable communautaire.

1200 unités, selon le règlement

Dans sa forme actuelle, le projet de la Ville ferait place à environ 6000 unités de logement dans l’ancien hippodrome. La part des logements sociaux, prévue à 20% dans le Règlement pour une métropole mixte, serait donc minimalement de 1200 unités. Une idée qui a déjà écho dans le milieu.

«Ce serait un bon premier pas, mais clairement pas assez. Plusieurs résidents risquent d’être profondément déçus.» -Youssef Benzouine, organisateur communautaire au Projet Genèse

En campagne électorale il y a deux ans, la mairesse Valérie Plante avait plutôt promis de construire 8100 unités de logement à l’hippodrome. «On trouvait que 6000, c’était plus près de ce qui était réaliste pour en faire un quartier complet où on y travaille, où on se divertit et où on y habite», a justifié l’élue au début octobre.

Jointe par Métro, la porte-parole au Front d’action en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, est sans équivoque. «Au regard des besoins de logements [sociaux] criants dans ce secteur, 2500 est un minimum. Il faut poser des gestes forts et le développement du terrain Blue Bonnets est une occasion à ne pas manquer», considère-t-elle.

Une proposition «inusitée» à l’hippodrome

Pour la présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Dominique Ollivier, la proposition de la Ville demeure «inusitée», et doit d’abord être bien expliquée à la population.

«On parle d’un quartier sans voitures, innovant et carboneutre. Ce sont des concepts avec lesquels certains citoyens ne sont pas forcément familiers. Avant de donner une opinion, il faut bien comprendre ce que ça pourrait vouloir dire.» -Dominique Ollivier, présidente de l’OCPM

Montréal fait face à un défi très «particulier», selon elle. «L’endroit n’est pas encore construit, il n’y a pas de gens sur le terrain. C’est quand même enclavé aussi, entre une zone industrielle et un chemin de fer, une voie de transport assez lourde», avance-t-elle.

L’OCPM assure qu’il est au courant des réalités, à l’aube de sa première séance d’information le 20 novembre. «On sait qu’il y a des organismes qui travaillent là-dessus depuis plusieurs années, qu’il y a des personnes sur des files d’attente pour du logement social», dit-elle, ajoutant que les discussions seront intéressantes dans les prochains mois.

Pas de plan, déplore un élu

Appelé à réagir, le conseiller local de Snowdon, Marvin Rotrand, condamne que la consultation sur l’hippodrome soit «complètement hypothétique».

«C’est une consultation sur rien. Il n’y a pas de plan. Selon moi, c’est surtout une façon d’aller gagner l’appui de la base électorale de Projet Montréal.» -Marvin Rotrand, conseiller de Snowdon

L’élu déplore que la Ville n’ait aucun plan financier concret pour le projet. «Ça prend environ 100 M$ en infrastructures, mais il n’y a rien de prévu dans le PTI. C’est vraiment fait au hasard», tonne-t-il.

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