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Montréal demande plus d’argent et de civils au SPVM

SPVM

Une voiture de police du SPVM.

La Ville de Montréal demande à Québec de débloquer plus de fonds pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) afin de «corriger l’iniquité fiscale qui pèse sur les contribuables montréalais». Elle réclame aussi une présence accrue de civils et de membres des minorités visibles dans la police.

Ce sont quelques-unes des recommandations incluses dans un récent mémoire de l’administration de Valérie Plante adressé au gouvernement du Québec dans le cadre de la consultation entourant le «livre vert» sur la réalité policière dans la province.

D’emblée, l’administration municipale souligne la lourde charge de travail du SPVM. Ce dernier doit notamment assurer la sécurité chaque année de «plus de 2000 rassemblements populaires», qui surviennent notamment pendant les festivals et les autres grands événements qui marquent normalement l’été montréalais. «La métropole n’est pas à l’abri d’attaques terroristes», rappelle la Ville pour justifier les ressources financières et humaines supplémentaires déployées dans les dernières années pour améliorer la gestion des grands événements dans les dernières années.

Par ailleurs, plus récemment, la métropole a aussi fait face cet été à une hausse du nombre de fusillades, notamment dans le Vieux-Montréal. Tout cela sans compter la participation du SPVM «à une large gamme d’équipes spécialisées et de regroupements» chargés de lutter notamment contre le crime organisé, la cybercriminalité et les crimes économiques.

«Iniquité fiscale»

Ces efforts bénéficient à l’ensemble du Québec, souligne la Ville. Or, «les Montréalais assument entièrement, à eux seuls, la facture de ces services, ce qui constitue une iniquité flagrante», déplore-t-elle. L’administration rappelle par ailleurs que les citoyens de la métropole contribuent aussi, par le biais de leurs impôts, à financer la Sûreté du Québec. Ils se retrouvent ainsi «à payer deux fois pour le même service».

La Ville presse donc Québec d’augmenter le financement du SPVM, ce qui permettrait «corriger l’iniquité fiscale qui pèse sur les contribuables montréalais».

«Nous devons être à l’écoute des Montréalaises et des Montréalais et mettre en place des mesures, de concert avec le gouvernement du Québec, qui répondent à la diversité des besoins de la population», fait valoir la responsable de la Sécurité publique au sein du comité exécutif, Rosannie Filato, dans un communiqué émis lundi après-midi. L’élue a décliné la demande d’entrevue de Métro. 

Samedi, une manifestation pour réclamer le «définancement» de la police a attiré quelques centaines de personnes à Montréal. La Fraternité des policiers et policières de Montréal a pour sa part prévenu cet été qu’une réduction du financement du SPVM risquerait d’augmenter la criminalité dans la métropole.

Plus de civils, plus de diversité

La Ville presse par ailleurs Québec d’élargir l’accès des civils à divers postes au sein de la police. Ceux-ci pourraient par exemple prendre part à des enquêtes ou assurer le contrôle de la circulation routière, propose le mémoire.

«Plusieurs interventions, qu’elles soient technologiques, sur le terrain ou communautaire, pourraient être réalisées par des civils», affirme à Métro le vice-président de la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal et élu d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari. Il voit d’ailleurs dans cette proposition un moyen d’augmenter le recrutement de minorités visibles et d’Autochtones dans la police. 

Le mémoire demande d’ailleurs explicitement à Québec de mettre en place des mesures «qui facilitent le recrutement et la rétention de policiers et de professionnels issus de la diversité», dont la présence demeure actuellement limitée au SPVM.

À cet égard, le conseiller du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) et ancien policier, Alain Babineau, souhaiterait surtout voir plus de personnes noires et autochtones occuper des postes à l’administration et aux ressources humaines dans la police.

«Ça prendrait des minorités visibles pour voir qui on embauche et comment on choisit des personnes à l’interne à la police.» -Alain Babineau, conseiller du CRARR

Caméras portatives

Afin de lutter contre le profilage racial et social, la Ville presse d’ailleurs Québec de collaborer «dès maintenant» avec le SPVM «dans le déploiement des caméras portatives pour les policiers». À maintes reprises, l’opposition officielle à l’hôtel de ville a pressé l’administration de Valérie Plante de munir les policiers de caméras portatives au cours des trois dernières années.

«La Ville est en train de tout balayer dans la cour de Québec», lâche M. Sari.

Retardées par la pandémie, les audiences publiques dans le cadre de cette consultation auront finalement lieu en décembre. Un rapport final devrait ensuite tomber entre les mains du gouvernement Legault en mai 2021.

Le ministère de la Sécurité publique n’a pas commenté le contenu de ce mémoire, lundi.

 

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