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Police: des retards dans la réflexion sur le livre vert

Une voiture de police
Photo: Archives

Les travaux de révision du livre vert sur les réalités policières ont été ralentis par la pandémie de COVID-19. Des organismes demandent au gouvernement de profiter de cet hiatus pour repenser la place du profilage racial au sein de cette réflexion.

Déposé en décembre dernier par le ministère de la Sécurité publique (MSP), ce rapport doit faire l’objet d’une analyse indépendante. Le groupe de travail en charge de cette réflexion devait en théorie déposer son produit final à l’automne 2020.

Mais la crise sanitaire a freiné les ardeurs des cinq experts mandatés par l’État.

«Les travaux du Comité consultatif sur la réalité policière (CCRP) ont été ralentis en raison de la pandémie de COVID-19, notamment pour respecter les directives de santé publique émises dans ce contexte», a indiqué à Métro l’équipe des relations médias du ministère de la Sécurité publique (MSP).

L’organe gouvernemental assure que la machine s’apprête à repartir.

«Un nouveau plan de travail est actuellement en cours de préparation et sera déposé dans les prochains jours», a-t-on ajouté.

L’ombre de George Floyd

Les travaux du CCRP reprendront donc alors que la mort de George Floyd, un homme afro-américain, aux mains d’un policier fait les manchettes.

Interrogé sur la place du profilage racial dans le livre vert lundi, le premier ministre François Legault a assuré que le comité de travail aborderait la question.

«Ça fait partie de la réflexion. On regarde le rôle des policiers. Comment s’assurer qu’il n’y ait pas de profilage racial», a laissé entendre l’élu de la Coalition avenir Québec.

«Il y en a, malheureusement, encore.» – François Legault sur le profilage racial véhiculé par la police

L’automne dernier, un rapport-choc commandé par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) démontrait sans équivoque que les personnes racisées sont quatre fois plus susceptibles de faire l’objet d’interpellation dans la métropole.

Au cours des dernières années, plusieurs Montréalais racisés sont tombés sous les balles du SPVM. Les morts de Fredy Villanueva, en 2008, puis de Pierre Coriolan, en 2017, ont toutes deux mené à des enquêtes devant le Bureau du coroner.

Doutes

Le porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), Alexandre Popovic, doute de la volonté de la CAQ à combattre le profilage racial.

«Je ne pense pas que c’est une priorité pour le gouvernement. Je reste à convaincre», lance-t-il au bout du fil. Le livre vert, un document d’une cinquantaine de pages, ne mentionne le profilage racial qu’une fois.

Même écho à la Ligue des droits et libertés (LDL), un organisme de défense des droits des citoyens.

«Déjà, on voit le déséquilibre dans le document», indique la porte-parole de l’organisation Lynda Khelil. Elle invite Québec à mieux intégrer les personnes racisées dans son processus de réflexion.

M. Popovic, lui, ne voit pas le livre vert aboutir à des solutions. «Il faut se rappeler que la Coalition avenir Québec s’était opposée à une consultation sur le racisme systémique», ajoute-t-il.

En 2017, alors que le Parti libéral de Philippe Couillard était toujours au pouvoir, le parti de François Legault, deuxième opposition à l’époque, avait exigé d’abandonner cette idée de consulter les Québécois sur la discrimination systémique.

Pour Lynda Khelil, tous les gouvernements provinciaux qui se sont succédé dans les dernières années ont fait preuve d’«inaction».

«Bon nombre de corps policiers n’ont même pas de plan d’action pour lutter contre le profilage. Où est le leadership des autorités provinciales? Il est inexistant.» – Lynda Khelil

Lundi, en point de presse, M. Legault a refusé d’affirmer qu’il y a du racisme systémique au Québec.

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