Montréal

COVID: plus d’aînés demandent de l’aide alimentaire

Plus d’aînés font appel aux services d’Action secours vie d’espoir pour de l'aide alimentaire.

Plus d’aînés font appel aux services d’Action secours vie d’espoir.

Depuis le début de la pandémie, les aînés sont de plus en plus nombreux à se rendre aux banques alimentaires pour chercher leur nourriture, observent plusieurs organismes qui offrent des services d’aide alimentaire.

Linda, 64 ans, fait la file dans le froid devant l’organisme Action secours vie d’espoir (ASVE). En situation de handicap et bénéficiant de l’aide sociale, elle vient y chercher des paniers alimentaires à bas prix depuis septembre.

«Le manger en épicerie est cher en tabarnouche! Toute la viande est chère (….) à cause de la COVID. T’sais, on n’a pas le choix», lâche-t-elle.

Habituée à ne plus avoir «bien d’argent après avoir tout payé» à la fin du mois, elle a attendu jusqu’au dernier moment avant d’oser se présenter à la banque alimentaire. «J’étais trop gênée», confesse-t-elle.

C’est lorsqu’elle a été victime de vol et a tout perdu, cet été, qu’elle s’est finalement décidée.

Résignée, elle lance que le prix de la nourriture «va encore augmenter bientôt». «On sait que ça va arriver. Mais il arrivera ce qu’il arrivera. Qu’est-ce qu’on peut y faire?»

Une demande pour l’aide alimentaire qui augmente

Mais Linda n’est pas la seule aînée dans sa situation. Quatre organismes de l’est de Montréal consultés ont vu leur clientèle ainée augmenter depuis mars.

Lucie Cayouette, présidente de la Cuisine collective à toute vapeur, en sait quelque chose. Un homme âgé s’est récemment évanoui devant sa banque alimentaire, à bout de forces. « Il était en sang. En partant en ambulance, il m’a dit que son problème n’était pas réglé, et qu’il avait encore faim», raconte-t-elle, ébranlée.

Il faut mentionner que plusieurs personnes âgées ont adopté les services de livraison des banques alimentaires afin d’éviter les supermarchés pour des raisons sanitaires. Pourtant, les intervenants questionnés sont unanimes : la hausse du prix de certaines denrées durant la pandémie, et le fait d’avoir accès à moins de rabais, aurait beaucoup diminué le pouvoir d’achat des aînés.

Et cette situation peut avoir un impact sur la santé de certains, comme Louise*, 65 ans. Elle a commencé à utiliser les banques alimentaires cet été, depuis qu’elle reçoit une pension de vieillesse. En effet, elle gagne maintenant 1200 dollars de moins par année.

Face à cette baisse de revenu, elle n’a eu d’autre choix que de se tourner vers l’aide alimentaire, soutient-elle. Anémique, elle aimerait manger de la viande; pourtant, son budget ne lui permet pas.

«La viande, c’est trop cher. Les légumes frais, c’est la même chose. J’essaie de manger des légumineuses, des pois chiches…. Mais je fais encore de l’anémie», déplore-t-elle.

La pointe de l’Iceberg

Si elle déplore cette situation, Louise Masquer, présidente d’Action secours vie d’espoir, espère cependant qu’elle fasse prendre conscience d’une précarité qui existait bien avant la pandémie chez les aînés, tel qu’en témoignent plusieurs études.

D’ailleurs, soutient-elle, les aînés demandant de l’aide ne vivent pas seulement «en HLM». Peinant à payer leur loyer avec une pension de retraite insuffisante, plusieurs auraient commencé à solliciter les services d’ASVE. Souvent trop gênés pour tendre la main, les aînés ayant faim sont probablement plus nombreux que l’on croit, soutient-elle.

Inquiets, des intervenants soutiennent que la situation est loin d’être réglée alors que le Rapport sur les prix alimentaires canadiens annonce une augmentation de 3 à 5% du prix des denrées pour 2021.

«Le gouvernement n’a pas aidé nos aînées financièrement depuis le début de la pandémie. Ce qui fait en sorte que 8 mois plus tard, leur santé est fragilisée et ils ont faim. Il faut que le gouvernement agisse », affirme Lucie Cayouette.

Le nom a été changé pour des raisons de confidentialité.

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