Construction de logements sociaux, lutte contre l’itinérance, développement du transport en commun et soutien au milieu culturel: les attentes de la mairesse de Montréal sont grandes à l’approche du dépôt du prochain budget du gouvernement Legault.
Valérie Plante a acheminé mercredi dernier sa liste de demandes au ministre des Finances du Québec, Eric Girard, qui présentera dans les prochaines semaines son budget 2021-2022. Dans une lettre de six pages, mise en ligne sans tambour ni trompette, elle détaille l’ensemble des attentes de la métropole. Celles-ci se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars.
D’emblée, la mairesse de Montréal soulève «l’urgence sociale» à laquelle fait face la métropole.
«Les besoins de Montréal en matière de logement social et abordable, déjà criants avant la pandémie, sont devenus encore plus marqués durant les mois qui ont suivi le confinement de mars 2020», écrit Mme Plante. Elle souligne à cet effet la hausse marquée du nombre de personnes en situation d’itinérance dans la métropole depuis le début de la crise sanitaire.
«Dans ce contexte, le gouvernement doit, impérativement, investir dans la création de nouvelles unités de logements sociaux», martèle Mme Plante. Cette dernière évalue à 83 M$ les besoins financiers pour réaliser «les unités résiduelles» du programme AccèsLogis Québec, soit celles prévues de longue date, mais qui n’ont pas encore vu le jour.
La mairesse réclame aussi une somme de 200 M$ de la part de Québec pour construire 1500 nouvelles unités de logement social en un an. Une somme que le gouvernement pourrait reconduire sur plusieurs années, estime-t-elle.
HLM décrépits, une situation «inacceptable»
Mme Plante constate par ailleurs «un important déficit d’entretien» des habitations à loyer modique (HLM). La Ville rapporte actuellement plus de 400 logements de ce type barricadés en raison de «leur état de vétusté avancé».
Une situation «consternante» et «inacceptable», alors qu’environ 23 000 ménages sont en attente d’un HLM dans la métropole, martèle l’élue. Cette dernière réclame ainsi que l’Office municipal d’habitation de Montréal reçoive 150 M$ par année de la part de Québec pour rénover des HLM actuellement vacants en raison de leur piètre état.
Les besoins en itinérance persistent
Valérie Plante constate par ailleurs que plus de 1000 sans abri dépendent toujours des quelque 1700 places d’urgence déployées cet hiver pour leur venir en aide. À la fin février, le taux d’occupation de ces ressources atteignait 93%.
Les mesures hivernales en itinérance prennent normalement fin le 31 mars. Or, dans le contexte de la pandémie, des sommes sont nécessaires afin que le ministère de la Santé et des Services sociaux puisse «maintenir son appui» à la Ville «jusqu’en mars 2022», estime Mme Plante.
D’ailleurs, lundi, les organismes Le Chaînon et la Mission Old Brewery ont pressé Québec de confirmer le prolongement d’un programme de transition vers le logement dédié aux femmes en situation d’itinérance. Mis en place en août dernier, celui-ci a permis jusqu’à maintenant d’épauler 52 femmes dans leur réinsertion sociale, notamment par le biais de services psychosociaux et en recherche de logement offerts à l’ancien hôpital Royal Victoria. Les deux tiers de ces femmes ont d’ailleurs intégré dans les derniers mois un logement permanent, où elles continuent d’avoir accès à des ressources d’aide.
Ce programme pourrait toutefois cesser à la fin du mois, si Québec ne le reconduit pas.
«On veut absolument que ce programme continue parce que c’est un programme qui a fait ses preuves, qui est axé sur des solutions durables et non sur l’urgence», explique à Métro la directrice des communications de la Mission Old Brewery, Melissa Bellerose.
Le transport en commun et la culture pour la relance
En plus de réclamer le maintien d’une offre de service «capable de répondre à la demande» et la poursuite des projets d’électrification de la Société de transport de Montréal, la mairesse de Montréal demande à Québec d’accélérer l’étude de plusieurs «projets prioritaires devant faire l’objet d’un processus accéléré d’autorisation». Parmi ceux-ci, on compte le prolongement éventuel de la ligne orange du métro jusqu’à Bois-Franc et le projet de «ligne rose» actuellement à l’étude.
«Tout en reconnaissant l’urgence de la pandémie, la Ville de Montréal considère qu’il faut poursuivre les efforts pour gérer l’autre urgence à laquelle nous faisons face, la lutte contre les changements climatiques.» -Extrait de la lettre de la mairesse Valérie Plante
D’autre part, en plus de réclamer 50 M$ de plus pour PME MTL afin de soutenir les commerces qui écopent de la pandémie, Valérie Plante a de grandes attentes pour le milieu culturel. Elle demande ainsi à Québec d’octroyer un financement de 197,3 M$ sur trois ans dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal.
«Ces fonds permettront la réalisation de projets, d’activités, de programmes de développement culturel et de sauvegarde du patrimoine», détaille la mairesse, qui n’a pu accorder d’entrevue à Métro lundi.
Le cabinet du ministre des Finances, Eric Girard, n’a pas voulu commenter cette lettre, préférant attendre la présentation du prochain budget de Québec. La date de celle-ci reste à déterminer, indique-t-on à Métro.
Rien pour le centre-ville
À l’opposition officielle, on a souligné lundi certaines lacunes dans les demandes de la mairesse.
«Il n’y a aucune demande de financement pour la relance du centre-ville, qui est sous respirateur artificiel», a déploré en entrevue le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. Ce dernier constate aussi que Mme Plante ne demande pas de soutien financier additionnel pour la tenue des élections municipales dans le contexte de la pandémie, «alors qu’on sait que ça nous coûtera beaucoup plus cher pour les tenir».