Ses portes devaient fermer à la fin mars. Le refuge de l’hôtel Place Dupuis, au centre-ville de Montréal, continuera finalement ses opérations «au moins» jusqu’à la fin du mois de mai, a appris Métro.
La nouvelle nous a été confirmée lundi par une source bien au fait du dossier. «Ça, c’est garanti», a-t-elle indiqué.
Le refuge temporaire de près de 400 lits devait mettre fin à ses opérations le 31 mars. À deux semaines de la date fatidique, le gouvernement du Québec, qui finance en partie le projet, n’avait toujours pas confirmé ses intentions dans le dossier.
«Normalement, les mesures hivernales se terminent le 31 mars, a indiqué lundi le porte-parole du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Jean-Nicolas Aubé. Cette année dans le contexte exceptionnel de la COVID-19, il y a des budgets qui ont été prolongés afin de maintenir une certaine partie des mesures plus longtemps.» Métro n’a pas pu confirmer lesquelles.
«Nous poursuivons les discussions avec la Ville et les différents partenaires quant à l’offre après le 31 mars pour loger les personnes en situation d’itinérance.» – Cabinet du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.
La nouvelle agit comme un baume dans le milieu de l’itinérance.
«C’est un soulagement», a réagi d’emblée la directrice générale du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage, lorsqu’interrogée sur la poursuite des activités à l’hôtel Place Dupuis, lundi.
«Il y a des besoins bien au-delà des grands froids. On espère avoir une offre de service partout à Montréal», a-t-elle signifié au bout du fil.
C’est la Mission Bon Accueil qui pilote le refuge de la Place Dupuis, en partenariat avec le CIUSSS, notamment. La ressource s’inscrit dans le plan de «mesures hivernales en itinérance 2020-2021». Lancé à la fin du mois d’octobre, celui-ci prévoyait d’ouvrir plus de 1600 places pour l’hiver, dans différents secteurs. Son enveloppe de départ s’élève à 5 M$.
«Trop tard»
Les nouvelles arrivent tardivement, selon le porte-parole de l’opposition officielle à la Ville de Montréal en matière d’itinérance, Benoit Langevin. «Depuis le début, il y a un manque de planification flagrant», lance-t-il en entrevue avec Métro.
D’ailleurs, fait-il remarquer, les ressources d’urgence éparpillées à travers l’Île n’ont toujours pas de nouvelle.
«Elles n’ont aucune idée. Rien», affirme-t-il.
Retour des campements?
Avec le retour du temps doux, Annie Savage s’attend à un retour en force des campements de fortune à Montréal.
L’an dernier, une hausse du phénomène de l’itinérance visible avait mené à l’apparition à travers la ville de plusieurs de ces campements improvisés.
Au début du mois de décembre, le Service de police de la Ville de Montréal s’était dit forcé d’intervenir au campement de la rue Notre-Dame après qu’une tente y ait pris feu. Le démantèlement s’était fait en une journée. Benoit Langevin craint aujourd’hui que «le cauchemar se répète».
«On ne peut pas s’attendre à un résultat différent en faisant la même chose», dit-il.
«On a fait parvenir depuis longtemps nos recommandations pour faciliter la vie des personnes qui ont recours à des tentes, ajoute Mme Savage. La Ville veut se pencher là-dessus, mais on est toujours en attente d’une rencontre».
Dans tous les cas, il faut des solutions à long terme, ajoute la porte-parole principale du RAPSIM. Ses yeux sont tournés vers le budget du Québec, prévu à la fin mars.
«À Montréal, avant la COVID, on arrivait à des besoins de 30 M$ dans les organismes communautaires», souligne-t-elle.
En plus du budget de mars, Québec prépare le dépôt de son prochain plan d’action interministériel en itinérance. Celui-ci doit atterrir «au début de l’été 2021», selon le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Dans son budget de novembre, la Ville de Montréal prévoyait 3 M$ pour faire la lutte à l’itinérance.