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Montréal a besoin de résidences pour les aînés itinérants, demande un organisme

Photo: Gracieuseté/Maison du Père

La Maison du père (MDP), un organisme qui se spécialise en réinsertion sociale et en accompagnement médical pour les personnes en situation d’itinérance, demande aux différents paliers de gouvernement d’agir pour renforcer le filet social que représente l’aide communautaire et améliorer la prévention de l’itinérance, surtout auprès des aînés.

La PDG de l’organisme communautaire, Jaëlle Begarin, dresse un constat inquiétant: 82% des personnes qui viennent demander de l’aide à la MDP parce qu’elles risquent de perdre leur logement ont plus de 50 ans. «On voit un vieillissement de la population, mais la population itinérante vieillit encore plus», soutient Mme Begarin.

Son organisme est un précurseur dans la prévention de l’itinérance chez les aînés. En effet, la MDP a ouvert une résidence pour aînés (RPA) privée dans les années 1980. Il s’agit de la seule RPA de Montréal qui se spécialise dans les services destinés à la population aînée masculine itinérante. Elle accueille 87 résidents, mais 22 personnes sont aussi sur la liste d’attente.

Jaëlle Begarin croit qu’il faudrait ouvrir deux autres établissements similaires dans la métropole puisque le vieillissement de la population itinérante fera certainement augmenter les besoins. La MDP estime qu’il faudrait une RPA pour femmes ainsi qu’une RPA pour hommes avec des besoins médicaux plus importants.

Un besoin de prévention

Face à l’inflation et à la crise du logement, les équipes de la MDP observent plusieurs nouveaux visages parmi les personnes en situation d’itinérance qui viennent demander de l’aide. À la lumière du nombre de nouveaux usagers qu’il accueille, l’organisme calcule qu’il y aurait environ 750 nouveaux itinérants par année. La demande dépasse donc largement les capacités des programmes de réinsertion de la MDP et des refuges d’autres organismes.

Or, les nouveaux cas d’itinérance auraient pu être évités, selon Jaëlle Begarin, et ce, par une meilleure prévention. «Parfois, je vois des profils passer et ils n’auraient jamais dû se retrouver en refuge d’urgence», se désole la PDG de la MDP.

La prévention est d’autant plus importante chez les aînés qui se retrouvent à la rue que ceux-ci sont susceptibles de développer d’importants problèmes de santé mentale ou de santé physique, selon leur situation. Selon Mme Begarin, les cas d’itinérance chez les aînés sont d’ailleurs souvent des premières fois dans la rue. Elle précise que cela provoque de l’anxiété et une perte de repères, en plus d’accentuer les pertes de mémoire.

Chez les autres aînés en situation d’itinérance, ceux qui ont déjà connu la rue, le portrait n’est guère mieux. L’accès difficile au système de soins de santé qui vient avec une itinérance cyclique aggrave les problèmes de santé, dont certains peuvent parfois être traités facilement. «On voit des maladies chroniques devenir problématiques chez certaines personnes, comme le diabète», explique Jaëlle Begarin.

Agir sur tous les fronts

La MDP travaille avec de nombreux partenaires pour créer un filet communautaire, mais les besoins en financement sont nombreux. Au-delà de la question de la prévention et des RPA spécialisées en itinérance, la MDP assure également un continuum pour suivre et accompagner les personnes en situation d’itinérance sur plusieurs aspects.

En raison des discriminations systémiques dans le réseau de la santé, ainsi que du besoin d’avoir un domicile pour recevoir certains soins, l’accès à la médecine peut être compliqué pour la patientèle itinérante. C’est pour cette raison que l’organisme dispose d’un service de soins de santé de proximité pour les hommes itinérants.

Créé en 2013, ce service nommé «Accès-Santé» ne reçoit que peu de financement même s’il permet pourtant d’éviter de futurs problèmes, souligne Mme Begarin. La clinique dispose d’une infirmière et d’une travailleuse sociale. La MDP fait appel à du personnel du réseau de la santé et souhaiterait travailler plus étroitement avec ceux-ci. L’organisme aimerait également recevoir davantage de soutien de la part de la RAMQ et du ministère de la Santé et des Services sociaux.

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