De nombreuses personnalités et organismes de Montréal accueillent avec positivisme la nouvelle réforme de la Loi 101, déposée en chambre par le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, jeudi. Toutefois, certains d’entre eux émettent quelques inquiétudes.
«Je salue la volonté du gouvernement de laisser leur liberté d’action aux municipalités, leur permettant de garantir les services aux citoyens qu’elles jugent les plus adaptés. Nous souhaitons participer activement au suivi des indicateurs qui assureront le succès de ces nouvelles mesures. Nous réitérons notre volonté indéfectible à travailler avec le gouvernement pour promouvoir notre langue commune», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Le candidat à la mairie de Montréal et chef d’Ensemble Montréal, Denis Coderre, tend sa main au ministre Jolin-Barrette.
«Montréal est une métropole francophone, qui possède un cachet unique en Amérique du Nord, et j’offre mon entière collaboration au ministre Jolin-Barrette afin que nous puissions protéger la langue française. Nous avons toutes les raisons de célébrer le fait francophone et d’en être fiers», souligne Denis Coderre.
Celui-ci annonce du même coup que les porte-paroles d’Ensemble Montréal en matière linguistique seront Hadrien Parizeau et Dimitrios Jim Beis.
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) appuie la volonté du gouvernement de renforcer le statut du français comme langue commune au Québec et à Montréal. «Le projet de loi déposé aujourd’hui répond en ce sens à une préoccupation légitime confirmée par des études et des sondages d’opinion. Nos propres coups de sonde indiquent que le milieu des affaires accorde une grande importance au maintien de la paix linguistique au Québec», énonce le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.
La CCMM se questionne toutefois sur l’application de la charte dans les milieux de travail.
«Nous serons particulièrement attentifs aux précisions du gouvernement concernant les mécanismes de recours qui seront déployés pour l’application des dispositions relatives à la langue de travail, de service et d’affichage. Il existe une variété de raisons légitimes faisant en sorte que l’anglais doit être utilisé dans certaines circonstances […]. Il faudra éviter de créer un monde du travail kafkaïen où tous pourront s’improviser agents de contrôle linguistique», note le président de la CCMM, Michel Leblanc.
L’Association des municipalités de banlieue (AMB) reçoit avec intérêt ce projet de loi mais surveillera les suites qui seront données: «Nous devrons en faire une analyse approfondie pour juger de son impact précis sur des enjeux comme la langue de communication avec les entreprises. Comme tout le monde le sait, en matière légale, le diable est dans les détails.»
Le projet de loi 96 inclut des mesures concernant le maintien du statut bilingue de certaines municipalités.
Le Quebec Community Groups Network émet quant à lui de sérieuses réserves et s’inquiète de voir que le projet de loi «ne tient nullement compte des droits et libertés fondamentaux de la personne».
«Il s’agit là d’un virage fondamental dans la relation Québec-Canada, poursuit-elle et ce virage est, selon nous, inconstitutionnel. C’est une vision fermée et étroite d’un Québec qui s’éloigne de plus en plus du reste du Canada», déplore la présidente du QCGN, Marlene Jennings.
Le projet de loi 96, «Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français» vise à mettre en place des mesures de défense de la langue française telles que la création d’un ministère de la Langue française, du poste de ministre associé et d’un commissaire indépendant à la langue française. Elle vise à abolir le Conseil supérieur de la langue française, dont les pouvoirs seraient confiés au dit commissaire.